La Grèce veut lancer la “grande bataille” pour réviser l’accord de prêt

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élos donne une conférence de presse à Athènes, le 18 juin 2012 (Photo : Louisa Gouliamaki)

[20/06/2012 14:49:32] ATHENES (AFP) A peine éloigné le spectre d’une sortie de l’euro, la Grèce a déjà brandi le scénario indigeste pour ses bailleurs de fonds d’une remise sur le chantier du plan de rigueur.

Le nouveau gouvernement de coalition a annoncé mercredi que sa priorité des priorités serait la renégociation de ce “mémorandum” qui a valu en février au pays en faillite de pouvoir toucher un nouveau chèque de 130 milliards d’euros, assorti d’un effacement de 107 milliards de dette.

“La Grèce va livrer une grande bataille” au sommet européen des 28 et 29 juin “pour réviser l’accord de prêt”, a lancé d’un air martial le dirigeant socialiste, Evangélos Vénizélos, en annonçant l’accord de gouvernement.

Vainqueur des législatives, le chef du parti de droite Nouvelle Démocratie, Antonis Samaras, est le Premier ministre, avec pour principal partenaire M. Vénizélos, chef du PASOK, et le soutien d’un parti de gauche, Dimar.

Considérés comme coresponsables de la crise, Nouvelle Démocratie et Pasok se succédent au pouvoir depuis près de 40 ans.

C’est donc avec résignation sinon exaspération, que la troïka – UE, BCE, FMI -, signataire du mémorandum avec la Grèce, se prépare déjà à d’intenses navettes estivales.

La directrice générale du FMI, Christine Lagarde a déclaré mardi qu’une “équipe d’experts” serait dépêchée dans le pays dès la formation du gouvernement, se disant sûre que les deux autres membres de la troïka, “en feraient autant”.

“Nous verrons sur place, sur le terrain”, a-t-elle dit, alors qu’un clivage – accent mis sur la croissance ou sur la rigueur – s’est déjà dessiné entre Paris et Berlin sur le degré d’ouverture face aux attentes grecques.

Le patron de l’Eurogroupe, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a averti mardi qu’il n’y aurait pas de changements profonds dans le programme de réformes demandées à la Grèce, évoquant au mieux un étalement dans le temps.

“Je lui ai expliqué (à M. Samaras) qu’il n’y aurait pas de modification substantielle”, a déclaré M. Juncker qui a longuement parlé avec le nouveau Premier ministre grec lundi matin.

“Ouvrir une négociation serait une stratégie très périlleuse ayant un impact sur les pays qui appliquent calmement des réformes”, a averti le patron de la Bundesbank, Jens Weidmann à un groupe de médias grec, espagnol, portugais et italien.

Le premier argument d’Athènes pour revisiter le mémorandum est celui de l’apesanteur politique dans lequel le pays est plongée depuis deux mois, l’exposant s’il devait être laché, à une faillite programmée à la mi-juillet

Privatisations au point mort, impôts non payés, crédits asséchés, réformes oubliées, cette carence a rendu caducs les objectifs macroéconomiques d’un plan imposant de durs sacrifices aux 11 millions de Grecs.

Tous les indicateurs sont au rouge écarlate : le PNB est sur la pente pour reculer de 7% en 2012, après une chute cumulée de 10,2 % en 2010-2011, le chômage atteint 22,6%, et les banques souffrent d’une hémorragie quasi quotidienne des dépôts.

Au nom du principe de réalité, le consensus semble acquis d’accorder au nouvel attelage gouvernemental un allongement dans le temps de la rigoureuse feuille de route à laquelle MM. Samaras et Vénizelos avaient souscrit en février.

La Grèce pourrait ainsi disposer d’un délai supplémentaire de deux ans pour accomplir l’assainissement financier, avec un retour à l’excédent du budget primaire (hors remboursement de dettes) renvoyé à 2016 au lieu de 2014.

De même, un étalement pourrait être envisagé jusqu’à 2016 d’un nouveau train d’économies de 11,6 milliards d’euros prévues d’ici à la fin 2014.

“Obtenir un délai ne sera pas difficile. Mais cela impliquera une nouvelle aide de 20 milliards d’euros vers 2015 car la Grèce ne pourra retourner sur les marchés pour emprunter”, a dit mercredi à l’AFP un ancien conseiller de Lucas Papademos, le Premier ministre “technocrate” sortant.

“Il faut trouver un mélange entre rigueur et croissance, aider la population sur qui pèse les sacrifices à adhérer à l’assainissement tout en redonnant des gages crédibles à nos créditeurs”, a-t-il conclu, évoquant un déblocage de fonds structurels européens et de prêts de la BEI.

Une palette de mesures prévues par le mémorandum devra être revue, selon les programmes électoraux de MM. Samaras et Vénizélos, pour desserrer le corset qui asphyxie l’économie et provoque le désespoir social.

Il faudrait ainsi faire passer l’indemnisation chômage de un a deux ans, réduire la TVA, aujourd’hui à 23%, ou augmenter les retraites. “Je doute fort que les créditeurs veuillent ouvrir cette boîte de Pandore”, a toutefois pronostiqué cet ancien conseiller.