Pétrole en Guyane : les forages exploratoires de Shell “vont pouvoir reprendre”

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Une plateforme offshore au large de la Guyane (Photo : Jody Amiet)

[20/06/2012 22:16:45] PARIS (AFP) Les forages exploratoires de la compagnie pétrolière Shell en Guyane “vont pouvoir reprendre” a priori “lundi”, ont annoncé à l’AFP des parlementaires guyanais mercredi soir à l’issue d’une rencontre avec le ministre des outre-mer, Victorin Lurel.

Le sénateur Georges Patient (PS) et la députée Chantal Berthelot (PRG) ont affirmé que le préfet de Guyane avait eu “l’autorisation de signer les arrêtés préfectoraux” permettant la relance de cette nouvelle campagne d’exploration dans les eaux guyanaises et que les forages devraient “reprendre lundi”.

“Le préfet a signé les arrêtés aujourd’hui mercredi et donc les forages vont pouvoir recommencer lundi”, a déclaré Mme Berthelot, rappelant que le bateau de forage ultra moderne affrété par Shell était “arrivé mardi” comme prévu initialement dans les eaux guyanaises.

Interrogée par l’AFP, une porte-parole de Shell a indiqué ne faire “aucun commentaire dans l’attente d’une notification officielle”.

Guyane Nature Environnement (GNE) s’est déclarée prête à attaquer au contentieux les arrêtés préfectoraux s’ils contreviennent au code de l’Environnement. Les études sismiques recourent à des émissions sonores extrêmement puissantes, nuisibles pour la faune marine à plus de 100 km du navire émetteur, a rappelé GNE interrogé par l’AFP.

Depuis une semaine, un certain flou entourait le devenir de cette exploration pétrolière: mercredi dernier, la ministre de l’Ecologie Nicolas Bricq avait parlé d’une suspension du permis de Shell avant de parler d’une “remise à plat”.

“tactique et stratégie”

Cela avait provoqué un certain émoi chez les élus guyanais — attachés à cette perspective de développement– et surtout chez l’opérateur qui n’avait pas été prévenu.

“Les forages vont reprendre lundi et des avancées ont pu être obtenues tant en terme de garanties environnementales qu’en terme de garanties économiques. Et très probablement les retombées financières pour les collectivités et pour l’Etat seront revues à la hausse, par rapport à ce qui était avancé jusque là par Shell”, a ajouté M. Patient “très satisfait” de l’entretien.

Pour le sénateur, “il y a un peu de tactique et de stratégie dans cette façon de faire” du gouvernement, d’autant qu’au “ministère de l’Ecologie (où les élus ont aussi été reçus, ndlr) ils n’avaient rien trouvé dans les dossiers pour travailler correctement”.

“Cette petite mise à plat a permis de faire comprendre qu’une autre logique était à l’oeuvre avec ce nouveau gouvernement: si le précédent privilégiait l’exploitation par le privé quitte à réguler, là ce gouvernement sera plus vigilant sur l’intérêt général et les retombées pour la population”, a estimé M. Patient.

Selon Mme Berthelot, “ce petit couac du départ permet de ramener les choses vers une gouvernance différente”.

Parallèlement aux travaux exploratoires, des discussions vont avoir lieu pour définir “les besoins en formation et en définition des métiers” que pourraient générer la plate-forme s’il y a exploitation.

On espère que le projet sera “synonyme de développement d’infrastuctures et d’accès à l’emploi, important quand on a 20% de taux de chômage, surtout chez les jeunes”, a souligné la députée.

La compagnie Shell, associée pour ce projet avec Total et le Britannique Tullow Oil, avait annoncé en septembre dernier, à l’issue d’une première campagne de prospection, la découverte de pétrole pour la première fois au large de la Guyane.

Cette découverte faite par quelque 6.000 mètres de profondeur (2.000 m d’eau et 4.000 m de plancher océanique) suscite l’appétit des pétroliers mais aussi la crainte des écologistes pour une biodiversité particulièrement riche.