La Grèce annonce son nouveau gouvernement et s’apprête à négocier avec l’Europe

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à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

[21/06/2012 15:30:31] ATHENES (AFP) Le nouveau Premier ministre conservateur grec Antonis Samaras a dévoilé jeudi son gouvernement d’union nationale avec pour priorité la rénégociation avec l’UE et le FMI du plan d’austérité.

La Grèce veut “réviser” ce mémorandum “sans mettre en danger la voie européenne du pays ou son maintien dans l’euro”, dit la déclaration inaugurale de ce gouvernement tri-partite, conservateur, socialiste et gauche modérée.

Au sortir d’un vide politique de deux mois, la Grèce, exsangue financièrement et abattue économiquement, s’est fixé pour objectif d’obtenir un nouveau délai de deux ans, jusqu’en 2016, pour assainir ses finances, et un chèque ultérieur de 20 milliards d’euros, selon des sources concordantes.

M. Samaras, 61 ans, s’est doté d’une équipe de 38 membres, largement dominée par des ténors de la droite Nouvelle-Démocratie, vainqueur des législatives du 17 juin, qui monopolisent une dizaine de portefeuilles sur les 17 ministres.

Le banquier Vassilis Rapanos, un vieux routier de la gestion économique grecque, proche des socialistes, obtient le poste clef de ministre des Finances. Il sera assisté par Christos Staïkouras, 38 ans, proche conseiller de M. Samaras.

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à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

Le conservateur Dimitris Avramopoulos reçoit le portefeuille des Affaires Etrangères de cette équipe dominée par la droite Nouvelle-Démocratie, et soutenu par les socialistes Pasok et la gauche modérée (Dimar).

Le portefeuille de la réforme de l’administration, déterminant pour le grand chantier de modernisation de l’appareil d’Etat, est confié à une personnalité de gauche, Antonis Manitakis.

Le gouvernement entend “ne pas compromettre les objectifs évidents de réduction du déficit budgétaire, de contrôle de la dette et d’application des réformes structurelles”, ajoute cette déclaration, adoptée comme plate-forme politique par ces trois partis la Nouvelle Démocratie (droite) le Pasok (socialiste) et de gauche modérée (Dimar).

Les ministres des Finances de la zone euro se retrouvent jeudi après-midi au Luxembourg pour discuter de la crise en Espagne et à Chypre, mais aussi de la Grèce.

Le programme d’aide à la Grèce est “largement sorti des rails” et il faudrait “sérieusement renégocier” cet été, avec le choix entre de nouvelles mesures d’austérité et un allongement des délais pour la Grèce, a déclaré à l’AFP jeudi Thomas Wieser, président de l’euro working group, le groupe de hauts-fonctionnaires chargés de préparer les réunions des ministres des Finances de la zone euro.

Pour le quotidien financier Naftemporiki, “le premier test” concernant les négociations “sera fait à l’Eurogroupe jeudi”.

La Grèce a déjà bénéficié des deux prêts internationaux d’un total de 347 milliards d’euros, courant jusqu’en 2015, et de l’effacement de presque un tiers de sa dette, d’environ 107 milliards. Le tout représente l’équivalent d’une fois et demie son PIB.

La revendication grecque d’un allongement de deux ans figurait au programme des trois partis membres de la coalition. Un délai d’un an était déjà envisagé comme possible dans le mémorandum, en fonction de circonstances défavorables.

“Obtenir un délai ne sera pas difficile. Mais cela impliquera une nouvelle aide de 20 milliards d’euros vers 2015 car la Grèce ne pourra retourner sur les marchés pour emprunter”, avait expliqué mercredi à l’AFP un ancien conseiller de Lucas Papademos, le Premier ministre “technocrate” sortant.

Mais les bailleurs de fonds veulent d’abord disposer d’un audit des comptes de ce pays, après la parenthèse électorale ouverte depuis avril. La troïka, leur délégation tripartite (UE-BCE-FMI), est rapidement attendue à Athènes pour évaluer l’ampleur des dérapages.

“La Grèce va livrer une grande bataille” au sommet européen fin juin à Bruxelles, “afin d’assouplir l’austérité”, a lancé le chef du PASOK, Evangelos Vénizélos, qui sans participer au gouvernement occupe une place centrale dans la nouvelle configuration au pouvoir.

La nouvelle équipe se heurtera dans tous les cas à l’opposition du Syriza, la gauche radicale, arrivé deuxième à l’issue du scrutin de dimanche et qui rejette les mesures en vue de redressement prônées par l’UE et le FMI.

“Le nouveau gouvernement ne devra ni décevoir (…) ni échouer car les premières impressions sont incroyablement cruciales, tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger”, mettait en garde jeudi le quotidien libéral Kathimérini.

Tous les indicateurs sont au rouge: le PNB va reculer de 7% en 2012, après une chute cumulée de 10,2% en 2010-2011, le chômage atteint 22,6%, et les banques souffrent d’une hémorragie quasi quotidienne des dépôts.