Les géants du web russe veulent se lancer à la conquête du monde

photo_1340443347488-1-1.jpg
économique de Saint-Pétersbourg en Russie, le 22 juin 2012 (Photo : Kirill Kudryavtsev)

[23/06/2012 09:25:53] SAINT-PETERSBOURG (Russie) (AFP) Bénéficiant d’un monopole quasi total en Russie, où le secteur internet est en plein essor, les géants du web russes affichent désormais de plus larges ambitions et veulent ébranler le monopole de mastodontes comme Google sur des marchés à l’étranger.

Réunis lors d’une table ronde au Forum économique de Saint-Pétersbourg (nord-ouest), les patrons des grandes sociétés internet russes comme le moteur de recherche Yandex, le groupe Mail.ru, qui détient le portail du même nom, ou la société de distribution en ligne Ozon ont débattu de leurs perspectives à l’échelle mondiale et non plus seulement locale.

Arkadi Voloj, directeur général de Yandex, premier moteur de recherche en Russie, coté depuis mai 2011 à la Bourse de New York, convoite aujourd’hui de nouveaux marchés.

Dans de nombreux pays, “il n’y a qu’un seul fournisseur, plus de 90% des parts de marché appartiennent à un seul acteur”, explique-t-il à l’AFP.

“On a pensé que le public aimerait se voir offrir un choix pour la première fois de sa vie”, ajoute-t-il.

Le groupe s’est d’ores et déjà lancé dans l’aventure en lançant fin 2011 une version turque de son moteur de recherche, yandex.com.tr.

“C’est une expérience. Si le public aime avoir du choix, alors il y a une niche pour nous et pas seulement en Turquie, mais dans le monde entier”, lance-t-il.

Le groupe Mail.ru, numéro un de l’internet sur les marchés russophones et en Europe de l’Est, qui détient entre autres des participations dans Facebook, Zynga, Groupon et le réseau communautaire VKontakte.ru, a lui aussi des envies d’expansion étrangère, notamment avec le lancement de produits dans d’autres langues.

“Plusieurs compagnies russes essayent de s’implanter sur les marchés étrangers et je pense que cela va aller en augmentant”, déclare son patron, Dmitri Grichine.

“La Russie peut jouer un rôle essentiel” sur le marché global, ajoute-t-il.

Et du côté du marché national, largement investi par des sociétés locales, les perpectives restent réjouissantes.

Avec ses 56 millions d’internautes, sur une population totale de 143 millions, selon le cabinet comScore, le marché russe est loin d’être saturé, souligne Marina Trechtchova, directrice générale de Fast Lane Ventures, un fonds qui à la fois investit et crée des sociétés internet.

“C’est le bon moment (d’investir), il y a un grand potentiel (…) et la demande ne fait que croître”, estime-t-elle.

D’autant que la concurrence étrangère reste encore relativement faible.

Dans le secteur du commerce en ligne, ce phénomène s’explique notamment par les difficultés liés aux droits de douane et aux problèmes de livraison dans cet immense territoire. Ainsi, le géant américain eBay n’a annoncé que cette semaine qu’il allait ouvrir un bureau en Russie.

“Une autre raison est liée au manque de connaissance du cyrillique”, ajoute Mme Trechtchova. Par ailleurs, les craintes concernant la Russie et la difficulté d’y faire des affaires sont nombreuses, observe-t-elle.

Sa société s’est associée à plusieurs compagnies étrangères issues d’Allemagne, des Etats-Unis et de Chine, pour les aider à s’implanter sur le marché russe.

“Pourquoi vouloir devenir mondial, alors qu’il y a des opportunités uniques ici?”, conclut-elle en souriant.