Tunisie : Pourquoi le projet du portail E-petition aurait-il été confié au CNI?

Par : Tallel

www-220.jpgOn change d’époque, de gouvernement, de République, de régime, on fait une révolution… Mais les vieux reflexes ont la vie dure. On semble avoir toujours peur du secteur privé, de l’initiative entrepreneuriale, et on reconduit parfois le même système qui a pourtant montré ses limites à maints égards.

Voici un exemple édifiant.

L’Agence américaine de Développement international “USAID“ a signé, mercredi 20 juin 2012, une convention portant un don de 200.000 mille dollars US, environs 300.000 dinars tunisiens au profit du gouvernement tunisien. Ce don est destiné au financement d’un portail Internet gouvernemental moderne, dont la mission principale est d’améliorer la relation entre l’administration et le citoyen.

Ce portail, baptisé “E-petition“, vise comme son nom l’indique la réception des pétitions des citoyens, des doléances et des propositions via Internet ou SMS. Il s’agit en quelque sorte d’une vision moderne et de Web du médiateur administratif, un système qui a fait ses preuves en Tunisie, bien qu’il ait été conçu et mis en place sous le triste régime de Ben Ali.

C’est donc un moyen moderne de gouvernance et de pratique démocratique au quotidien, d’ailleurs et jusque-là la démarche entreprise par le ministère chargé de la Reforme administrative est louable et même à saluer, étant donné qu’il figure parmi les premiers projets E-gouvernement, dont l’étude aurait été réalisée, selon nos informations, par le bureau d’études français SOFRECOM -filiale du groupe France Telecom en 2010 et pour un budget total de plusieurs millions de dinars (on parle de 3 millions).

Ce nouveau portail national E-petition permettra de révéler tout dépassement, ainsi que de suivre les pétitions portant sur les dossiers de corruption. Cependant, la démarche est par endroit incompréhensible et non logique. En effet, selon un article de l’agence TAP, la réalisation de ce portail durera 7 mois et demi à partir du 2 juillet 2012, date de lancement de ce projet qui sera réalisé par le Centre national d’informatique “CNI“.

C’est là donc où se situe l’incompréhension, car certains estiment que ce projet ne devrait pas être confié à une entreprise publique, en l’occurrence CNI. Avec ce budget, il est possible de lancer et de créer aux moins 3 start-ups, et donc de générer, par ricochet, pas moins de 20 nouveaux postes d’emplois.

En outre, la solution développée peut être packagée, et éventuellement exportée vers d’autres pays arabes et d’Afrique. On est en droit de nous demander pourquoi l’USAID a accepté de financer le secteur public, aux dépens du secteur privé.

Vieilles recettes, vieux reflexes, vieilles mentalités… Tout montre que la nouvelle Tunisie a encore du chemin à faire.

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