Les banques centrales poussées à leurs limites par la crise

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èglements internationaux (BRI) à Bâle en Suisse, le 10 mai 2010 (Photo : Sebastien Bozon)

[24/06/2012 14:12:09] ZURICH (AFP) Les banques centrales ont été poussées à leurs limites par la crise économique et ne peuvent pas se substituer aux gouvernements qui doivent accélérer le rythme des réformes budgétaires et structurelles, a averti dimanche la Banque des règlements internationaux (BRI).

“Cinq années après le début de la crise financière, l’économie mondiale est loin d’avoir atteint les objectifs d’une croissance équilibrée”, a estimé Stephen Cecchetti, responsable de la division économique et monétaire de la BRI, la banque centrale des banques centrales.

Au lieu d’une consolidation, l’institut d’émission de Bâle (nord de la Suisse) a identifié un certain nombre de “faiblesses structurelles” qui empêchent la mise en oeuvre de réformes, a-t-il averti lors d’une conférence de presse téléphonique.

Face aux problèmes générés par la crise financière, qui a provoqué en 2008 l’effondrement de la banque américaine Lehman Brothers, et la crise des dettes publiques qui secoue depuis plus de deux ans la zone euro, les banques centrales ont joué le rôle de pompier, mais leurs capacités à secourir les Etats arrive à bout, a averti M. Cecchetti.

“Il y des limites bien définies à ce que les banques centrales peuvent faire. Elles ne peuvent pas réparer les bilans, elles ne peuvent pas augmenter la productivité et elles ne peuvent pas placer la politique sur la voie de la pérennité”, a insisté le spécialiste.

Dans son rapport annuel, la BRI, qui regroupe une soixantaine de banques centrales, explique que les instituts d’émission ont considérablement gonflé leurs bilans en rachetant notamment des obligations d’Etat.

L’ensemble des banques centrales ont ainsi vu leurs actifs bondir à 18.000 milliards de dollars (14.356 milliards d’euros), soit environ 30% du produit intérieur brut mondial (PIB), deux fois plus qu’il y a dix ans.

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énéral de la Banque des règlements internationaux, le 28 juin 2010 à Bâle en Suisse (Photo : Sebastien Bozon)

L’établissement bâlois, dirigé par l’Espagnol Jaime Caruana, ne mâche pas ses mots à l’encontre des gouvernements, trop lents, selon lui, à résorber l’endettement public et à s’attaquer aux problèmes structurels.

La période de taux d’intérêts historiquement bas “est en grande partie le résultat de l’action insuffisante des gouvernements face aux problèmes structurels” de l’endettement, de la faible croissance et du chômage, a ainsi estimé la BRI.

Selon cette dernière, “les banques centrales sont obligées de prolonger le stimulus monétaire, alors que les gouvernements traînent des pieds et que les ajustements (nécessaires) sont retardés”.

Les banques centrales ont injecté des milliards de liquidités pour empêcher le système financier de s’écrouler et ont fortement réduit leurs taux directeurs pour soutenir l’économie.

Mais la crise des dettes publiques ne touche pas seulement les pays occidentaux, où la dette publique est passée depuis 2007 de 75% du PIB à plus de 110%. Dans les pays émergents, l’envolée des crédits et des prix a masqué des “faiblesses structurelles” dans les comptes publics.

Le secteur public n’est pas le seul en cause, mais également les banques qui tardent à se recapitaliser, a souligné la BRI, alors que l’agence de notation Moody’s a dégradé 15 grandes banques occidentales pour mieux refléter la volatilité et le risque de pertes importantes liés à leurs activités mondiales.

“Malgré leurs efforts de recapitalisation, de nombreuses banques demeurent fortement endettées, notamment celles qui apparaissent bien capitalisées mais qui en fait sont excessivement endettées”, a estimé le rapport.

Face à ces difficultés, la BRI a appelé à “briser le cercle vicieux”, demandant aux banques à se recapitaliser, aux gouvernements à équilibrer leurs comptes publics et aux entreprises et aux ménages à réduire leur endettement.