Fitch abaisse à son tour la note de Chypre en catégorie spéculative à “BB+”

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éen dans le centre de Nicosie (Photo : Patrick Baz)

[25/06/2012 13:24:03] NICOSIE (Chypre) (AFP) L’agence de notation financière Fitch a, à son tour, abaissé la note de la République de Chypre en catégorie spéculative en la faisant passer de “BBB-” à “BB+” en raison des craintes de plus en plus fortes pesant sur son système bancaire.

Fitch emboîte ainsi le pas à Standard and Poor’s, qui avait fait de même en janvier et Moody’s qui l’avait fait le 13 juin. La perspective sur la note reste négative.

“L’abaissement de la note souveraine de Chypre reflète une augmentation matérielle des besoins en capital dont les banques chypriotes vont avoir besoin comparativement à l’estimation précédente”, effectuée en janvier, estime Fitch dans un communiqué.

Selon l’agence, les trois principales banques du pays, qui fait partie de la zone euro et doit prendre au 1er juillet la présidence semestrielle de l’Union européenne, sont fortement exposées à la crise de la dette grecque. Il s’agit de Bank of Cyprus, Cyprus Popular Bank (CPB) et Hellenic Bank.

En plus des 1,8 milliard d’euros nécessaires à la recapitalisation de CPB, Fitch estime que les besoins totaux des banques chypriotes pourraient atteindre 4 milliards d’euros, soit 23% du produit intérieur brut du pays (PIB).

A la dévaluation des titres de dette grecs, s’ajoute une augmentation du portefeuille de crédits non performants à Chypre, même sur l’année écoulée, en raison du ralentissement de l’économie et de la hausse du chômage.

Tout en reconnaissant que les estimations sur les besoins financiers des banques chypriotes sont encore très incertaines, l’agence souligne que l’argent nécessaire devra provenir des fonds publics et que ceci pourrait propulser le ratio dette/PIB au-delà de 100%.

Fitch juge aussi que les objectifs de réduction du déficit budgétaire pour cette année ne devraient pas être atteints et que celui-ci devrait s’élever à 3,9%, alors qu’il était initialement envisagé de le ramener sous les 3%.

L’agence indique que si les besoins de refinancement du gouvernement sont couverts pour 2012, ils vont atteindre 2,5 milliards d’euros en 2013. Ils pourraient toutefois être couverts par un nouveau prêt bilatéral accordé par la Russie, comme cela avait été le cas pour cette année.

L’économie chypriote devrait continuer à stagner cette année et se redresser lentement, à condition qu’une éventuelle sortie de la Grèce de l’eurozone, pays dont Chypre est très proche économiquement et culturellement, ne vienne aggraver la situation.

Le ministère des Finances chypriote a pris acte de la décision de Fitch et reconnu que, pour la première fois, la note de l’île avait été reléguée en catégorie spéculative par les trois agences de notation internationales.

“Avec ceci à l’esprit, le ministère des Finances reconnaît les défis auxquels Chypre fait face et reste attaché à atteindre les objectifs budgétaires et à trouver les financements nécessaires pour couvrir les besoins de l’Etat”, a-t-on ajouté de même source.

Le ministère a précisé que le président Demetris Christofias avait convoqué une réunion des dirigeants des partis politiques mardi pour les informer de la situation économique.

Selon une source diplomatique européenne à Bruxelles, Chypre devrait présenter lundi une demande d’aide financière à la zone euro pour renflouer son système bancaire, mais cette information n’a pas été confirmée par la représentation permanente chypriote à Bruxelles.