été en 2008 |
[26/06/2012 10:04:14] PARIS (AFP) Pékin, Londres, Sotchi… Les éditions contemporaines pourraient laisser croire que les jeux Olympiques sont fatalement toujours plus coûteux, voire ruineux, pour les villes hôtes, malgré les mesures de réduction des dépenses adoptées par le CIO en 2003.
Quelque 12 milliards d’euros pour Londres cette année, environ 40 pour Pékin en 2008…. Sans parler des 24 milliards estimés qui feront de l’édition de Sotchi-2014 les JO d’hiver les plus dispendieux de l’histoire… L’inflation est patente depuis les modestes Jeux de Sydney, qui n’avaient coûté “que” 4 milliards en 2000.
Mais le coût exorbitant des Jeux, souvent imputé aux exigences du CIO, est fréquemment le résultat d’une dérive, parfois mégalomane, des cités hôtes. Interpellé en 2008 sur la facture pékinoise, le président du CIO, Jacques Rogge, indiquait à l’AFP : “A Pékin, le premier aéroport suffisait largement et nous n’avons rien demandé. Idem pour le cinquième boulevard circulaire. Mais les JO sont un moyen de concentrer sur deux ou trois ans des investissements qui normalement seraient étalés sur vingt ans.”
Car le budget olympique est un triptyque, contrôlé par le Comité local d’organisation (COJO). Son premier volet est le budget opérationnel qui couvre le séjour des athlètes, le fonctionnement des stades, des navettes, la nourriture, les constructions temporaires… Il varie selon le coût de la vie dans le pays hôte, mais avoisine les deux milliards d’euros et est toujours bénéficiaire depuis 1984 grâce à la billetterie et aux revenus marketing et télévisuels.
Le deuxième regroupe toutes les infrastructures sportives ou autres (villages, centres des médias), temporaires ou définitives, nécessaires à la quinzaine olympique. Son impact sur les finances publiques dépend à la fois de l’état d’équipement de la ville hôte et de la participation d’investisseurs privés. Atlanta (1996) et Los Angeles (1984) par exemple, avaient très peu construit, contrairement à Sydney et Athènes (2004).
Le dernier, qui relève de l’Etat ou des villes hôtes, est le plus difficile à cerner. Et à maîtriser pour le CIO qui, en 2003, a adopté 117 mesures pour juguler cette tendance au gigantisme en plafonnant notamment le nombre d’athlètes (10.500) et de sports (28). Dick Pound, auteur du catalogue de réformes, estimait alors “les meilleurs livres de fiction sont les dossiers des villes candidates aux JO”.
“Oui le CIO tente de maîtriser les coûts. Mais si une ville a envie de profiter des Jeux pour faire un nouveau métro, reconstruire la moitié de ses quartiers, on ne peut rien faire”, estime Gilbert Felli, directeur exécutif du CIO évoquant le projet (récent) de Rio de rénover son centre ville à l’occasion du Mondial-2014 de foot et des JO-2016. Une révolution qui ne faisait pas partie du dossier de candidature. “Ce sera extrêmement coûteux mais ça ne regarde pas le CIO.” Ce même CIO qui a accordé les JO d’hiver 2014 à une ville balnéaire russe sans équipement de montagne, laissant augurer une addition faramineuse…
“Tout ce que l’on peut faire, c’est faire baisser la capacité des stades, dire : +Ne construisez pas du permanent mais du temporaire+”, reprend M. Felli en rappelant le cas d’Athènes. “Les aéroports, les routes, le métro sont des réussites. Ce qui pose problème, c’est que, pour diverses raisons, ils ont fait du définitif au lieu d’opter pour le temporaire”.
A ces contingences se sont ajoutés les coûts de la sécurité, en explosion depuis les attentats du 11 septembre 2001 et qui culmineront à 688 millions d’euros à Londres.
Dans ces conditions, les JO sont-ils devenus inaccessibles à la plupart des villes du monde, comme l’a laissé entendre Rome en jetant l’éponge dans la course à 2020 en raison de la situation économique de l’Italie ?
Madrid veut croire que non. Capitale d’un pays en crise profonde, la ville candidate pour 2020 affiche le budget prévisionnel le plus faible car toutes les infrastructures ont été construites au fil de ses dernières candidatures. “A ce titre, juge Gilbert Felli, c’est un projet intéressant, très soutenu par la population, qui pourrait être un catalyseur pour ressouder l’Espagne et faire redémarrer l’économie.”
En terme économique, la dernière réussite olympique est d’ailleurs espagnole : en 1992, Barcelone avait beaucoup investi et surtout énormément profité par la suite de ses quinze jours de JO.