Les privés tunisiens se mettent en ordre de marche pour la conquête de l’Afrique!

Par : Tallel

La compagnie nationale Tunisair axe sa stratégie commerciale sur l’Europe en développant plus de 80% de son trafic et de ses lignes aériennes. A notre sens, cela répond à une stratégie économique qui repose sur 2 constats.

Tout d’abord, l’Europe, c’est près de 80% des échanges commerciaux de la Tunisie (exportations et importations) et c’est notre premier donneur d’ordre, malheureusement dans une stratégie industrielle de sous-traitance et de délocalisation des activités industrielles les moins rentables et les moins compétitives, à l’instar du secteur textile/habillement et de l’industrie électromécanique.

La deuxième raison, c’est le plus grand marché émetteur pour le tourisme tunisien, avec plus de 4 millions de touristes par an. Donc, la stratégie de Tunisair cadre totalement avec les orientations économiques de la Tunisie.

Cependant, on rappellera que la Tunisie est un pays africain et qu’elle s’insère dans l’espace économique, démographique, social, politique voire géographique africain. Autrement dit, l’Afrique est notre espace naturel par excellence. Or, qu’a fait jusqu’à présent Tunisair pour se développer sur l’Afrique, qui enregistre pourtant annuellement plus de 5% de croissance économique? Des spécialistes affirment même que l’Afrique sera prochaine zone de développement économique, en 2050-60, et la deuxième région la plus peuplée au monde derrière l’Asie. Une opportunité qui risque de nous passe sous le nez.

Car, la réponse à cette question est que la compagnie battant pavillon national n’a rien fait ou très peu, car elle ne dispose sur l’Afrique que de 4 lignes aériennes, en l’occurrence Tunis-Bamako (Mali), Tunis-Nouakchott (Mauritanie), Tunis-Dakar (Sénégal) et Tunis-Abidjan (Côte d’Ivoire) –sachant que cette dernière desserte s’est naturellement imposée par la présence de la BAD en Tunisie lors de la crise ivoirienne.

Il faut savoir que cela fait plus de 10 ans qu’on parle de l’ouverture de nouvelles lignes aériennes, vers le Ghana, le Cameroun, l’Afrique du Sud, l’Ethiopie, le Tchad, mais rien de concret pour l’heure. Ce qui oblige les hommes d’affaires tunisiens, mais aussi les marchandises tunisiennes exportées vers l’Afrique, à transiter via Casablanca, donc un long détour à la fois fatiguant et coûteux.

D’ailleurs, ce n’est un secret pour personne que nos performances économiques en Afrique se font sur les pays où la Tunisie dispose d’une ligne aérienne directe, à savoir le Mali, la Mauritanie, le Sénégal et la Côte D’Ivoire. Ce qui pousse certains opérateurs économiques et industriels à délocaliser leurs entreprises ou usines vers la Côte d’Ivoire, par exemple, ce qui leur permettrait d’accéder directement à une douzaine de pays limitrophes pour un trajet de 2 heures max à vol d’oiseau. Et un marché d’environ 200 millions de consommateurs.

C’est dans ce cadre que, selon une source bien informée, Printsecure (www.printsecure.com.tn), spécialisée dans la fabrication des cartes de recharges pour les operateurs télécoms, aurait décidé de s’installer à Abidjan (Côte d’Ivoire) pour se rapprocher de ses clients, vu qu’elle réalise plus de 90% de son chiffre d’affaires sur l’Afrique.

Certains opérateurs aériens privés commencent, eux aussi, à s’intéresser à l’Afrique et à doubler ainsi Tunisair. C’est le cas notamment de SAFAR Tourisme et Voyages (www.safar.com.tn) qui organise des vols directs (spécial étudiant) au départ de Tunis avec retour sur plusieurs dates, en septembre et octobre, sur N’Djamena au Tchad, Yaoundé et Douala au Cameroun, et Libreville au Gabon, avec 2 départs étalés sur juin et juillet à des prix compétitifs, nous dit-on (un aller simple coûte aux alentours de 900 dinars, soit 450 euros, et un aller-retour a partir de 1.600 Dt , soit 800 euros); autrement dit, 2 à 3 fois moins chers que les compagnies européennes comme Air France, et même Royal Air Maroc.

On s’attend également à ce que la nouvelle compagnie Syphax Airlines s’intéresse, elle aussi, à ce marché plus ou moins vierge en développant des vols directs vers l’Afrique, tandis que Tunisair continue à prolonger son sommeil.

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