é de la britannique Barclays sous un parapluie aux couleurs de la banque, le 27 avril 2012 à Londres (Photo : Ben Stansall) |
[27/06/2012 15:38:10] LONDRES (AFP) La banque britannique Barclays est devenue mercredi la première grande institution financière à être sanctionnée suite à des enquêtes ouvertes sur plusieurs continents pour des tentatives de manipulation des taux interbancaires Libor et Euribor.
Barclays a accepté de payer au total l’équivalent de 290 millions de livres (362 millions d’euros) pour mettre fin à des enquêtes la visant au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Son directeur général, Bob Diamond, a aussi fait son mea culpa en renonçant à un bonus cette année, de même que trois autres membres de la direction.
Le groupe britannique indique dans son communiqué que les poursuites étaient liées à “une enquête dans tout le secteur (bancaire) sur la fixation des taux d’intérêts interbancaires pour une série de devises”.
L’autorité britannique des services financiers (FSA) a précisé lui avoir infligé une amende de 59,5 millions de livres pour des conduites répréhensibles liées aux taux interbancaires de référence sur le marché londonien (Libor) et dans la zone euro (Euribor).
“C’est la plus grosse amende jamais imposée par la FSA”, et elle aurait été encore plus importante si la banque n’avait pas collaboré à l’enquête et obtenu ainsi un rabais de 30%, souligne le communiqué du régulateur.
Outre la FSA, Barclays a passé des accords à l’amiable aux Etats-Unis avec l’autorité de régulation des marchés à terme et dérivés (CFTC) et le département de la Justice (DoJ). Elle va leur verser respectivement 200 millions de dollars (160 millions d’euros) et 160 millions de dollars. En échange, le DoJ lui a accordé l’immunité dans des enquêtes sur des violations de la concurrence.
Les régulateurs de plusieurs pays soupçonnent depuis un moment déjà des manipulations dans la fixation des taux Libor et Euribor, utilisés pour déterminer le prix auquel les banques se prêtent de l’argent entre elles.
En plus des Etats-Unis et du Royaume-Uni, des investigations sont en cours au Japon, en Suisse et au niveau de l’Union européenne (UE), concernant aussi pour certaines le taux interbancaire japonais Tibor.
Parmi les établissements cités comme impliqués dans l’une ou l’autre des enquêtes figurent entre autres la banque française Société Générale, les suisses UBS et Credit Suisse, l’allemande Deutsche Bank, la sino-britannique HSBC, les américaines Citigroup, JP Morgan Chase et Bank of America, les britanniques RBS et Lloyds Banking Group, la néerlandaise Rabobank, les japonaises Bank of Tokyo-Mitsubishi, Mizuho Financial Group et Sumitomo Mitsui Banking Corporation.
La FSA a d’ailleurs indiqué mercredi qu’elle “poursuivait une série d’autres enquêtes transnationales significatives” et que l’amende infligée à Barclays avait valeur d’avertissement.
La banque britannique n’est donc probablement pas la dernière à devoir mettre la main au portefeuille.
En décidant en outre de renoncer à ses bonus, la direction du groupe tente aussi d’amadouer les actionnaires, très critiques ces derniers temps envers les institutions financières et surtout les rémunérations jugées bien trop généreuses de leurs dirigeants.
Ce “printemps des actionnaires”, qui a notamment coûté sa place au directeur général de l’assureur Aviva, avait également touché Barclays en avril. Dans un mouvement de colère sans précédent, 32% des actionnaires avaient refusé en avril d’endosser le rapport sur les rémunérations qui leur était soumis et 24% le maintien à son poste de la présidente du comité des rémunérations, Alison Carnworth.