Air France : fin d’une première étape avec la présentation du plan de redressement

photo_1340859533227-1-1.jpg
Air France, Alexandre de Juniac, le 21 juin 2012 (Photo : Jacques Demarthon)

[28/06/2012 05:00:25] PARIS (AFP) Air France présente jeudi un plan de restructuration invitant les syndicats à parapher un texte qui prévoit entre autres une refonte des accords collectifs et la suppression de 5.122 postes sans licenciement.

En janvier, Air France/KLM annonçait un plan baptisé Transform 2015 visant deux milliards d’économies en trois ans, avec des mesures immédiates (gel des embauches et des salaires en 2012 et 2013, fermeture de lignes, gel d’investissements et réduction de frais généraux), et un volet plus structurel en juin.

Dans la foulée, un vaste chantier de renégociation des accords d’entreprise (avancements, promotions, temps de travail, congés, composition d’équipage, etc.) était lancé avec pour objectif un gain de “20% d’efficacité économique”.

La compagnie souhaite restructurer l’activité court et moyen-courrier en augmentant la productivité pour contrer les rivales low cost, redresser et repositionner sur le haut de gamme le long-courrier pour résister aux transporteurs du Golfe et asiatique.

Les discussions devraient s’achever fin juin comme défini dans l’accord de cadrage et de méthodologie entre la direction et les syndicats. L’objectif est un projet d’accord qui doit être soumis à la signature des syndicats courant juillet. Mais les accords présentés formellement au comité central d’entreprise jeudi sont “un instantané de négociations qui continuent”, a affirmé la direction.

La direction devrait également détailler son projet de pôle régional regroupant Regional, Britair et Airliner, qui inquiète beaucoup les syndicats de ces filiales.

Des “négociations à reculons”

En cas de signature de 30% des voix des syndicats représentatifs, cet accord ouvrira une nouvelle série de négociations de révision des dispositions conventionnelles tout au long du second semestre.

“Les choses ne sont complètement calées. On peut avoir des textes qui sont des têtes de chapitre, mais après pour la dentelle, on repart dans un autre round de discussions qui se fait non plus dans le cadre d’une dénonciation mais dans le cadre d’une révision”, explique Michel Salomon de la CFDT.

Parmi les accords qui ont été discutés figure le temps de travail: la direction entend par exemple faire voler 50 heures supplémentaires, des réductions de temps de travail en moyenne de 10 à 12 jours par agents, des incitations au temps partiel ou au “temps partagé” proposées aux pilotes et PNC (hôtesses et stewards).

Par ailleurs, Air France va supprimer 5.122 postes d’ici fin 2013, sur un effectif total de 49.301 salariés, et cela sans licenciement, sauf en cas d’échec des négociations avec les syndicats. Les modalités du plan de départ volontaire, qui concerne 3.410 postes au sol, seront discutées en juillet. Le plan pourrait coûter 300 millions d’euros, selon des syndicats.

“On paye à la fois le prix social, avec la révision des accords collectifs, et le prix de l’emploi”, commente un syndicaliste qui estime que “les consultations ont été réalisées à marche forcée”.

Les réunions se sont multipliées ces derniers jours et un “gros progrès” est survenu, à savoir la garantie de la direction de ne pas licencier jusqu’à fin 2014, voire juillet 2015– et non fin 2013 comme annoncé la semaine dernière. C’était “un préalable à tout éventuelle signature”, explique pour sa part Ronald Noirot, secrétaire général CFE-CGC et membre du CCE.

“Une clause de retour à bonne fortune a également été validée, ce qui signifie que si la compagnie repartait vers une activité très rentable, on reverrait certains acquis modifiés”, dit M. Noirot.

A la fin des discussions marathon, la CFDT, la CFE-CGC et Unsa semblaient enclines à signer, la CGT non. L’Unsa a cependant demandé une consultation de tous les personnels au sol. Le premier syndicat de pilotes, le SNPL, interrogera ses adhérents via un referendum courant juillet, de même que les syndicats de personnels navigants commerciaux (PNC).