Il me semble que tout ce bruit généré par l’extradition de Mahmoudi Baghdadi par une décision unilatérale -mais légale- du chef du gouvernement Hamadi Jebali relève plus du machiavélisme politique de la Troïka que d’une quelconque machination contre le président de la République provisoire Mohamed Moncef Marzouki qui n’aurait été informé, selon son directeur de cabinet, Imed Daimi, qu’une heure et demie après la remise de Baghdadi aux autorités libyennes.
Conséquence: Toute cette agitation orchestrée par les vedettes de la Troïka, les conseillers de la présidence et les ministres de Hamadi Jebali, ne serait qu’une minable comédie tragi-comique mise en scène pour justifier cette honteuse extradition qui devrait avoir lieu, d’une façon ou d’une autre, conformément à l’accord conclu, à cette fin, avec les Libyens.
C’est une question d’entendement. Hamadi Jebali n’aurait jamais osé déclarer, le 8 juin 2012, spécialement à l’Agence France presse (AFP) que l’extradition d’Al-Baghdadi est irrévocable et que la signature du président de la République n’était pas nécessaire, s’il n’avait pas l’OK de la Troïka.
Le chef du gouvernement, apparemment chargé d’une mission de sacrifice dans cette affaire mais apparemment le plus grand bénéficiaire de cette extradition (100 millions de dollars selon le ministre des Finances, Houcine Dimassi, seraient en jeu), n’aurait jamais osé aller aussi loin, s’il n’y avait pas une stratégie décidée d’un commun accord au sein de la Troïka pour liquider au plus vite cette affaire et en tirer les dividendes, tout en préservant l’honneur du président par intérim qui a déclaré à maintes reprises qu’il ne signera pas la décision d’extradition. Moralité: Hamadi Jebali a rendu, en ce sens, un immense service à Marzouki.
En plus clair encore, contrairement à ce qu’on dit, le président Marzouki ne pouvait pas ne pas être au courant de cette extradition, lui qui reçoit, très tôt le matin, en sa qualité de chef suprême des forces armées, un rapport sécuritaire sur tous les échanges et opérations qui ont eu lieu ou qui vont avoir lieu sur les frontières du pays.
Son déplacement bizarre le jour de l’extradition à l’extrême sud du pays (Borj El Khadra) ne serait qu’un alibi, voire une diversion pour faire croire aux Tunisiens non avertis qu’il était trop loin et ne pouvait, ainsi, être au courant de cette extradition.
D’ailleurs, comment expliquer que depuis l’extradition, ni le président Marzouki ni le chef du gouvernement Hamadi Jebali n’aient pas jugé utile jusque-là s’adresser au peuple pour l’éclairer sur cette affaire?
Même l’audition de Jebali à l’Assemblée nationale constituante (ANC), programmée pour ce vendredi 29 juin 2012, arrive trop tard (six jours après l’extradition). L’ire des Tunisiens est déjà absorbée et les esprits sont calmés.
Dans cette optique d’absorption du dépit des masses et toujours selon le scénario de la farce, Marzouki et Jebali ont donné libre cours à leurs sbires pour se chamailler sur les plateaux de télévision comme des chiens de faïence, mais le tout dans une ambiance bon enfant n’atteignant jamais le niveau du débat politique crédible.
C’était tout simplement du cinéma.