Le port de Tokyo en novembre 2011 (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
[29/06/2012 12:59:20] TOKYO (AFP) Des géologues ont découvert au large du Japon un important gisement sous-marin de terres rares, métaux nécessaires à la fabrication de produits de haute technologie, susceptible d’assurer les besoins de l’industrie nippone pendant deux siècles, a rapporté la presse vendredi.
Cette découverte pourrait assurer l’indépendance du Japon vis-à-vis de la Chine qui contrôle quelque 95% de la production des terres rares et en limite volontairement les exportations, faisant ainsi grimper les prix.
Le gisement découvert par l’équipe du professeur Yasuhiro Kato de l’université de Tokyo se trouve près de l’île de Minami-torishima, dans les boues sous-marines de l’océan Pacifique, à environ 2.000 kilomètres au sud-est de Tokyo, selon le quotidien Yomiuri Shimbun.
Estimé à 6,8 millions de tonnes, de quoi satisfaire l’appétit des entreprises japonaises pendant 227 ans, cet amas s’étend sur près de 1.000 kilomètres carrés dans les eaux territoriales japonaises, à une profondeur de 5.600 mètres.
Au terme de quatre années d’analyse des prélèvements en laboratoire, les scientifiques ont isolé de fortes concentrations de dysprosium et de terbium, utilisés pour fabriquer des écrans à cristaux liquides et des piles à combustible ou composants de véhicules hybrides dont le Japon est un producteur majeur.
Très convoitées, les terres rares sont un groupe de 17 métaux indispensables à la fabrication des voitures électriques, des éoliennes, des écrans plats, des disques durs d’ordinateurs ou encore des appareils électroniques.
Environ 95% de ces métaux sont extraits en Chine. Le pays limite ses quotas d’exportation pour maintenir les prix et forcer les entreprises à s’établir sur son territoire, mais il ne détient que 37% des réserves prouvées sur la planète.
L’Union européenne, les Etats-Unis et le Japon ont déposé plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour tenter de faire condamner Pékin en raison de ces restrictions.
En attendant, le Japon cherche à diversifier son approvisionnement qui provient de Chine pour plus de 90% et pousse les entreprises de l’archipel à réduire l’utilisation de terres rares.
Tokyo a été échaudé par l’arrêt des exportations de terres rares chinoises vers l’archipel en pleine crise diplomatique entre les deux pays au mois de septembre 2010.
L’équipe du professeur Yasuhiro Kato avait déjà mis en évidence l’an dernier la présence de gigantesques réserves de terres rares dans les sédiments des fonds marins du Pacifique.