Dans cette cacophonie générale où les uns font virer les autres, mon patron a voulu en profiter pour me dégager moi aussi, heureusement qu’il ne pensait pas me livrer aux autres et en douce!
Il paraît que mes papiers lui font de l’ombre et que, aussi, je ne cède pas à ses avances considérant le droit de cuissage comme naturel et préalable au rétablissement de la polygamie qu’il attend avec impatience comme la nouvelle Constitution qui traîne, traîne parce que ces pauvres députés n’arrivent pas à s’y concentrer. Ca fait trop de choses à la fois! Pourtant, il doit être content mon patron avec le départ de Baghdadi, le pétrole va couler à flots, et avec celui d’Ennabli, la planche à billets va se mettre à fonctionner, et notre dinar ne va plus valoir une guinée!
J’ai vu et écouté le brouhaha fait autour du départ de Baghdadi, du coup je me suis posée la question: dans cette vaste comédie, qui est la victime, qui est le bourreau? Car, avec la mort de Kadhafi, Baghdadi était déjà un mort-vivant à l’image de 3M qui, depuis son accession au vaste Palais de Carthage, est quasiment enfermé dans une cellule plus petite que celle qu’occupait HJ durant 11 longues années.
J’ai suivi aussi avec un certain dépit le départ forcé du meilleur banquier d’Afrique, vous croyez qu’il va s’inscrire au chômage le pauvre? C’est presque un service qu’on lui a rendu à ce seigneur de la finance. Et sans oser de comparaison hardie, je vous rassure que moi aussi je ne resterai pas en chômage si mon patron lui aussi me vire!
Ce qui m’amuse le plus dans tout ça, c’est que chacun agit comme s’il allait durer et rempiler pour une trentaine d’années. Mais réveillez-vous, tout est provisoire, tout ne fait que passer, et j’ai encore une fois la nette impression que l’histoire ne gardera rien de votre passage, car l’insignifiance de vos actes érigés en règle d’or semble vous convenir, et la rue et la société civile vous regardent vous débattre avec dépit et vous noyer dans un verre d’eau avec un regard triste, tout en vous disant et vous répétant avec compassion: au suivant!
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