é de la partie turque de Nicosie, le 25 juin 2012 à Chypre (Photo : Behrouz Mehri) |
[01/07/2012 10:02:00] NICOSIE (AFP) Chypre, qui a pris dimanche pour six mois la présidence de l’Union européenne, aura la lourde tâche de tenter d’empêcher la zone euro de sombrer dans un chaos financier, alors que l’île vient elle-même de demander un plan d’aide à Bruxelles et au FMI pour ses banques.
Des responsables de la Commission européenne, du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque centrale européenne (BCE) sont attendus cette semaine sur l’île méditerranéenne pour évaluer la situation du système bancaire et des finances publiques chypriotes.
Il s’agit de déterminer les besoins financiers de Chypre, membre de la zone euro depuis janvier 2008, et les réformes à mettre en oeuvre en contrepartie.
La situation est complexe car Chypre doit organiser les discussions sur le budget de l’UE pour les sept prochaines années, tout en se débattant dans sa propre tourmente économique, souligne l’analyste financière Fiona Mullen.
“Ce serait embarrassant pour tout pays d’assumer la présidence de l’UE en demandant en même temps de l’argent à ses partenaires”, note-t-elle.
à Nicosie (Photo : Behrouz Mehri) |
Selon elle, les conditions à l’aide européenne devraient être draconiennes, le gouvernement ayant traîné des pieds avant de prendre des mesures pour assainir ses comptes.
Chypre doit déjà “économiser” 200 millions d’euros, via de nouvelles hausses d’impôts et des économies, pour s’assurer que son déficit budgétaire passe de 6,3% du PIB en 2011 à moins de 3% cette année.
Le gouvernement affirme qu’il ne touchera pas à l’impôt sur les sociétés à 10%, un taux très bas au sein de l’UE qui permet d’attirer nombre d’entreprises étrangères. Les responsables européens vont chercher en revanche à réduire les dépenses publiques, réformer le système indexé des salaires et mieux surveiller les banques coopératives, note Mme Mullen.
Parallèlement, le président chypriote, Demetris Christofias, cherche à obtenir un prêt de la Russie ou de la Chine, afin d’alléger les contraintes imposées par l’UE. Pour 2012, Nicosie avait déjà obtenu de Moscou un prêt de 2,5 milliards d’euros.
ésident chypriote, Demetris Christofias, le 29 juin 2012 à Bruxelles (Photo : John Thys) |
Cinquième pays de la zone euro à avoir demandé une aide à l’UE, Chypre pâtit de sa forte exposition à la Grèce. Plusieurs banques chypriotes détiennent des quantités importantes d’obligations souveraines grecques, qui ont été considérablement dévaluées.
Sa note ayant été reléguée au rang de placement spéculatif par les trois principales agences de notation, Chypre ne peut plus se financer sur les marchés internationaux de la dette.
Des analystes estiment que les besoins de Chypre, la 3e plus petite économie de la zone euro, pourraient atteindre jusqu’à 10 milliards d’euros. Au minimum, le gouvernement aura besoin de 2,3 milliards pour recapitaliser les deux plus grandes banques du pays, Marfin Popular Bank et Bank of Cyprus.
Selon l’économiste Costas Apostolides, les mesures d’austérité préconisées par les agences de notation internationales entraîneraient Chypre dans une spirale négative. “Un pays en récession ne fait pas de coupes dans son budget”, insiste-t-il.
Cependant, Chypre ne doit pas avoir honte d’avoir recours au mécanisme de soutien eurpéen, précisément destiné à “aider à faire face à une crise qui affecte les Etats membres”.
Et selon lui, le fait que Chypre recherche un prêt à l’étranger renforcera sa position dans les négociations avec l’UE.
Le ministre des Finances, Vassos Shiarly, a tenté de dissiper les craintes des Chypriotes, déjà touchés par des hausses d’impôts et un taux chômage inhabituellement haut pour l’île (10%).
Mais, alors que l’économie s’est encore contractée de 1,6% au premier trimestre, il est fort probable que les habitants de l’île aient à subir la même cure d’austérité que leurs cousins grecs.