énéral démissionnaire de la banque britannique Barclays, Bob Diamond, le 5 mai 2012 au stade Wembley de Londres (Photo : Ian Kington) |
[03/07/2012 09:11:47] LONDRES (AFP) Le scandale des manipulations du taux Libor par la banque britannique Barclays a fini par coûter sa place mardi à son directeur général Bob Diamond, qui était devenu le symbole honni des dérives de la City.
“La pression extérieure sur Barclays a atteint un niveau qui risquait de porter atteinte à l’entreprise et je ne pouvais pas laisser cela arriver”, a déclaré le dirigeant américain dans un communiqué pour expliquer son départ surprise avec effet immédiat.
“Je suis très déçu parce que les événements de la semaine dernière donnent une image de Barclays et de ses employés qui ne pourrait pas être plus éloignée de la réalité”, a ajouté M. Diamond.
Barclays avait annoncé mercredi dernier qu’elle allait payer au total l’équivalent de 290 millions de livres –soit environ 360 millions d’euros– pour mettre fin aux enquêtes des régulateurs britannique et américain dans cette affaire.
Les taux interbancaires définissent le prix auquel les banques se prêtent de l’argent, mais aussi indirectement celui des crédits aux ménages et aux entreprises.
Le président du conseil d’administration de Barclays, Marcus Agius, avait déjà annoncé sa démission lundi pour tenter d’apaiser le scandale, qui enflammait l’opinion et la classe politique britanniques.
Mais M. Agius reste président pour l’instant et a désormais pour mission de trouver un nouveau directeur général et d’assurer l’intérim en attendant, a précisé Barclays mardi.
Le gouvernement a salué le changement de direction à la tête de la banque privée. “C’est la bonne décision pour Barclays et pour le pays”, a commenté le ministre des Finances George Osborne.
“J’espère que c’est le premier pas vers une culture de la responsabilité dans le secteur bancaire britannique”, a-t-il ajouté sur la radio BBC.
M. Diamond, qui est convoqué mercredi devant des parlementaires britanniques pour s’expliquer, était sous une pression croissante et le chef de l’opposition travailliste Ed Miliband avait même clairement appelé à son départ.
Après avoir rejoint Barclays en 1996, Bob Diamond était devenu le responsable de son activité de banque d’investissement à l’époque des manipulations, ce qui rendait sa position inconfortable.
ésident de Barclays, Marcus Agius, le 28 janvier 2012 à Davos en Suisse (Photo : Pierre Verdy) |
L’Américain, surnommé “le banquier aux 100 millions de livres” pour ses rémunérations faramineuses, était devenu l’incarnation des excès et de l’arrogance de la finance dans un pays par ailleurs confronté à la récession et au chômage.
Le scandale n’est cependant pas clos pour autant, alors que des enquêtes ont été ouvertes sur plusieurs continents pour des tentatives de manipulation des taux britannique Libor et européen Euribor. D’autres banques, comme la Royal Bank of Scotland (RBS), sont incriminées dans cette affaire.
En plus du volet réglementaire, les autorités britanniques envisagent également des poursuites pénales contre les banquiers concernés. Par ailleurs, le Premier ministre David Cameron a annoncé lundi le lancement d’une commission d’enquête parlementaire, chargée de faire la lumière sur cette affaire.
“Cette histoire va clairement avoir d’autres répercussions à travers l’ensemble du secteur mais c’est déjà un limogeage significatif à ce stade et cela laisse ouvert le problème de la succession à la tête de la banque”, a commenté Mike McCudden, responsable des produits dérivés chez Interactive Investor.
A la Bourse de Londres, l’annonce du départ de M. Diamond permettait toutefois mardi matin à l’action Barclays de regagner un peu du terrain perdu, prenant 1,67% à 171,2 pence vers 08H30 GMT.