«Si la Tunisie ne réussit pas, rien ne réussira ailleurs». C’est parce qu’elle partage ce point de vue que la Banque mondiale (BM) –ou Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD)- s’est mobilisée rapidement après le 14 janvier 2011 pour aider la Tunisie à réussir son processus de transition. En un an et demi, cette institution a fait bénéficier le pays ayant déclenché le «Printemps arabe» de 800 millions de dollars, entre appui budgétaire, ligne de financement de la petite et moyenne entreprise et de deux projets de développement. Elle compte continuer à accompagner ce processus, dans l’immédiat avec le gouvernement provisoire en place, puis avec celui plus durable qui lui succédera après les prochaines élections prévues en mars 2013.
Aujourd’hui, la BM s’apprête à mettre en œuvre une «stratégie intérimaire» -présentée mardi 3 juillet, lors d’une table ronde au siège de la Banque à Tunis, et qui devait être approuvée le même jour à Washington par son conseil d’administration- destinée à accompagner la transition en cours durant la période 2012-2013. L’objectif en sera, explique Mme Eileen Murray, représentante de la banque en Tunisie, de «promouvoir une relance pilotée par le secteur privé et la création d’emplois, en mettant l’accent sur la transparence, les opportunités et la responsabilité».
A cet effet, la BM agira pour «jeter les bases assurant la relance d’une croissance durable et la création d’emplois», la «promotion de l’inclusion sociale et économique» et le «renforcement de la gouvernance: participation citoyenne, transparence et responsabilité».
Sur le premier axe, la Banque mondiale, convaincue que «le gouvernement continuera à avoir besoin d’un appui budgétaire des partenaires internationaux, notamment de la BIRD, pour stimuler la reprise et financer les programmes sociaux», entend contribuer à cet effort par des Prêts à l’appui de politiques de développement (PPD) et envisage d’utiliser les Garanties sur base de politiques (PBG).
Surtout, consciente de la nécessité d’assurer le financement de la croissance, tout en garantissant la «viabilité budgétaire» et un niveau d’endettement raisonnable, la banque a initié une étude destinée à «aider les autorités intérimaires à faire en sorte que la réponse de politique macroéconomique à court terme à la récession économique reste compatible avec une démarche budgétaire durable».
Dans le cadre de son soutien à une croissance durable, la BIRD agira aussi pour restaurer la confiance des investisseurs à court et stimuler l’activité du secteur privé à long terme, aider à l’élaboration d’une «nouvelle stratégie de croissance qui tienne compte de manière réaliste de la création d’emplois et des défis du développement régional», à la restructuration du secteur financier, favoriser des réformes améliorant le cadre de l’activité de l’entreprise –dont celle du marché du travail-, et faciliter le traitement du problème du chômage.
Sur le deuxième axe, la promotion de l’inclusion sociale et économique, la Banque mondiale va poursuivre des actions entamées avant la révolution (Projet de gestion des ressources naturelles, Projet de développement des zones montagneuses socioéconomiques de la population rurale), et en lancer d’autres destinés à améliorer le quotidien des populations défavorisées et marginalisées tant rurales qu’urbaines (amélioration des ressources et des capacités de gestion des administrations locales, programme de développement urbain et de gouvernance locale, approvisionnement en eau, services d’énergie et de conservation de l’environnement, améliorer le ciblage des filets de protection sociale, etc.).
Pour le renforcement de la gouvernance, troisième axe de la stratégie intérimaire, la BIRD prévoit de continuer, au cours de la période 2012-2013, à apporter son assistance technique aux réformes destinées à «renforcer la participation citoyenne, la transparence et la responsabilité», contribuer à l’élaboration –en cours- d’aider à garantir à tous un accès à Internet «ouvert et sans restriction», à renforcer la responsabilité sociale, le cadre nationale de lutte contre la corruption, et «d’appuyer les principales réformes de la gestion des finances publiques pour améliorer la transparence, la responsabilité et l’efficience du budget et des dépenses publiques».
Après les élections de mars 2013, la Banque mondiale arrêtera avec le gouvernement qui en sera issu «une stratégie pour cinq ans», indique Mme Eileen Murray. Et si pour 2012 et 2013, elle va mettre sur la table 500 à 600 millions de dollars par an, la banque et la communauté internationale pourraient faire plus à partir de 2014 «si la Tunisie mène bien ses réformes».