L’ONU veut taxer les super-riches pour financer l’aide au développement

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à Mexico (Photo : Yuri Cortez)

[05/07/2012 18:27:01] NEW YORK (AFP) La Cnuced, une agence de l’ONU, suggère de taxer les milliardaires pour dégager des dizaines de milliards de dollars de ressources en faveur des pays en développement, dans son dernier rapport annuel sur la situation économique et sociale.

Cette “taxe sur les milliardaires”, sous la forme d’un prélèvement annuel, fait partie d’une série de mesures préconisées par le Cnuced (Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement). Parmi les autres dispositions proposées, une taxe sur les transactions financières ou sur les émissions de CO2. A terme, l’agence estime que cela permettrait de dégager plus de 400 milliards de dollars au total.

Selon le rapport, il est en effet essentiel de trouver de nouveaux moyens de financement pour aider les pays pauvres à améliorer leurs infrastructures ou leur système de santé car les pays riches n’ont pas respecté leurs promesses d’aide au développement.

La Cnuced s’était déjà prononcée en faveur de la taxe Tobin sur les transactions financières.

Les auteurs du rapport évaluent à 1.226 en 2012 le nombre de personnes dont la richesse dépasse le milliard de dollars.

Il y en aurait 425 aux États-Unis, 315 dans la région Asie-Pacifique, 310 en Europe, 90 dans le reste de l’Amérique Nord et Sud, et 86 en Afrique et au Proche-Orient.

Ensemble ils représentent une fortune estimée à 4.600 milliards de dollars, soit 3,75 milliards de dollars en moyenne par personne.

Les auteurs du rapport affirment qu’une taxe de 1% sur leur fortune pourrait rapporter 46 milliards en 2012 et laissent entendre qu’elle serait indolore pour les principaux intéressés. Selon eux, le milliardaire “moyen” posséderait toujours 3,7 milliards après cet impôt. “En dépensant 1.000 dollars par jour, il lui faudrait plus de 10.000 ans pour dépenser toute sa fortune”, souligne le rapport.

La fortune des milliardaires a augmenté de 4% par an en moyenne dans les deux décennies ayant précédé la crise financière de 2008-09.

Une vue de l’esprit “excitante”

La Cnuced reconnaît cependant que pour le moment il s’agit d’une “excitante” vue de l’esprit et non d’un moyen réaliste d’augmenter les ressources pour l’aide au développement.

Parmi les autres idées évoquées par le rapport figurent:

— une taxe de 25 dollars la tonne sur les émissions de CO2, qui rapporterait quelque 250 millions de dollars.

— une taxe de 0,005% sur les transactions portant sur les monnaies. Elle s’appliquerait au dollar, au yen, à l’euro et à la livre sterling, et pourrait dégager 40 milliards par an.

— prélever une partie de la taxe prévue par l’Union européenne sur les transactions financières (qui doit rapporter au moins 70 mds USD par an) pour la consacrer à la coopération internationale.

Le rapport suggère aussi d’étendre la taxe sur les billets d’avion que certains pays comme la France ont mis en place pour financer la fourniture de médicaments aux pays pauvres, une mesure à laquelle les compagnies aériennes sont farouchement opposées.