A la suite de l’annonce de Kamel Laabidi de la fin de la mission de l’Instance nationale indépendante pour la réforme de l’information et de la communication (INRIC), la présidence du gouvernement a annoncé dans un communiqué, rendu public jeudi 5 juillet, dans lequel elle se dit “surprise” de cette décision “sans concertation préalable ou information des parties concernées de l’autorité de tutelle qui a créé cette structure, désigné son premier responsable, garanti son indépendance et facilité son travail”. C’est du délire, étant donné que M. Laabidi a justifié la démission de “son” instance par le fait que le gouvernement procède à des nominations et licenciements des responsables des médias publics sans concertation. Il a même reproché au gouvernement le refus d’appliquer les décrets-lois N°115 et 116.
Mais le communiqué la présidence du gouvernement rappelle que “l’ancien premier responsable de l’Instance a accusé faussement le gouvernement de contrôle et de désinformation”, alors qu’il avait, “présidé une haute instance avec laquelle le gouvernement a agi avec sérieux et respect dans le contexte de l’effort national pour réaliser le processus de transition démocratique“.
Le même document souligne que “le gouvernement et toutes les parties concernées par le paysage médiatique continuent à déployer des efforts pour la gestion du domaine de l’expression et du climat de liberté bien qu’elle n’ait pas bénéficié d’une couverture médiatique qui représente une passerelle avec le peuple, contrairement à ce qui se passe dans tous les régimes transitoires et les démocraties bien établies”.
Le gouvernement va plus loin dans sa justification en estimant que “cette situation a rendu le paysage médiatique unipolaire avec un seul point de vue, semblable à la situation qui prévalait sous l’ancien régime, mais plutôt dans le sens de l’hostilité à l’égard du gouvernement élu démocratiquement”. Et d’ajouter: “… ce qui aggrave la situation, c’est que des structures chargées de défendre une information libre et plurielle jouent un rôle de défenseur acharné de l’unipolarité du paysage médiatique, dépassant les frontières nationales vers une tentative de verrouillage des établissements de presse poussées par les politiques partiales de l’INRIC à diffuser de l’étranger, après avoir été privés sans raison des autorisations”.
Le communiqué revient sur les circonstances qui ont entouré l’invitation de certains symboles du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) dissous à participer en direct à une émission télévisée sur la chaîne publique Wataniya 1, “émission ayant provoqué une vague d’indignation auprès de l’opinion publique“. Pour le gouvernement, cette “participation des RCDistes a été considérée comme étant une adhésion au courant contre-révolutionnaire, une négation totale des acquis de la révolution et un prélude au retour des RCDistes à la scène nationale, ainsi qu’une tentative visant à promouvoir leur image de marque”, lit-on dans le même communiqué.
Le gouvernement affirme dans son communiqué que “la dissolution de l’INRIC ne doit pas se transformer en une entrave au processus de réforme médiatique, notamment l’examen des décrets-lois N°115 et 116 régissant le secteur” et “ne doit nullement constituer un alibi pour couvrir les corrompus d’autant que la liste noire des journalistes impliqués avec le régime déchu” n’a pas été publiée“. Cependant, la présidence du gouvernement se déclare convaincue, en tant que gouvernement élu, que les médias doivent être à l’abri de “toute forme d’ingérence gouvernementale” et qu’ils doivent disposer des moyens financiers qui les mettent à l’abri du chantage et de la manipulation… Il est du devoir des médias de ne plus servir des intérêts catégoriels, raciaux, politiques et financiers”, et qu’il ne doivent plus pas être craintifs ou élogieux au détriment de la vérité”.
Le document se veut également rassurant et “réaffirme la position de principe du gouvernement contre tout retour à la dictature“, c’est une constante qui ne prête pas à équivoque, et que “le gouvernement n’a pas peur des critiques ou du contrôle des médias libres et responsables“.
Dans cette optique, “le gouvernement soumettra les projets de loi relatifs au secteur médiatique à l’Assemblée nationale constituante après le parachèvement de la consultation nationale engagée à cet effet et en collaboration avec les acteurs médiatiques”.
Il s’agit-là d’une littérature difficilement saisissable.