Lors
de la conférence de presse qu’il a tenue, vendredi 6 jullet 2012, le gouverneur
de la Banque centrale de Tunisie (BCT ), Mustapha Kamel Nabli,
a affirmé que la décision de sa démission prise par le président de la
République provisoire, Mohamed
Moncef Marzouki, «n’est pas fondée sur des arguments clairs et
convaincants», infirmant «l’existence d’un quelconque problème personnel avec le
président de la République». «Je fais affaire avec cette décision d’un point de
vue institutionnel», a-t-il dit, avant d’ajouter que «si le volet personnel ou
le poste en soi prévalait dans cette affaire, j’aurais présenté ma démission
depuis longtemps. Ce qui compte le plus pour moi, c’est l’intérêt de la Tunisie
et le succès de la transition démocratique».
M. Nabli
a estimé que son commentaire au sujet de la démission «dépasse toutes
les considérations personnelles et concerne plutôt le respect du volet
institutionnel».
Il a également fait savoir que les raisons justifiant cette décision
«unilatérale» n’ont pas encore été divulguées et que l’Assemblée nationale
constituante (ANC) n’a pas été consultée dans cette décision.
A noter que M. Nabli a tenu ce point de presse au siège de la
BCT , un jour après
l’avoir informé que son dossier est en cours d’examen par l’ANC et 10 jours
après l’annonce de la décision de son limogeage par le président de la
république. «Cette décision a introduit la
BCT dans des tiraillements
politiques, bien que l’ANC l’ait épargnée d’une telle situation conformément à
l’article 26 de la loi sur l’organisation provisoire des pouvoirs publics,
relatif à l’indépendance de la Banque centrale, plus particulièrement pour ce
qui a trait à la nomination et la démission des premiers responsables de la
BCT ».
Il a relevé que plusieurs points de divergences entre la
BCT et le gouvernement
ont été dépassés, faisant remarquer que «le gouvernement n’a pas pris une
décision claire au sujet du limogeage et a préféré transférer cette décision à
l’ANC.
Selon lui, les positions prises par la
BCT et ses communiqués ne visent pas «à
perturber le travail du gouvernement», et de préciser : «Le travail de la
BCT
consiste à analyser la situation économique afin d’éclairer l’opinion publique
et expliquer les décisions prises par cette institution (BCT)».
Il estime par ailleurs que la divergence des points de vue est un facteur
«d’enrichissement». M. Nabli a fait savoir que les bailleurs de fonds et les
investisseurs étrangers accordent un grand intérêt à la stabilité des
entreprises financières en Tunisie, relevant que la
BCT ne dissimule aucun
dossier de corruption. «Tous les dossiers ont été présentés à la justice»,
a-t-il indiqué.
De ce fait, «toutes les accusations portées contre lui et contre la
BCT sont
infondées», ajoute le gouverneur de la BCT, et que «toutes les parties
impliquées dans la publication de ces accusations seront poursuivies».
D’autre part, le gouverneur de la
BCT a indiqué qu’il n’a pas rencontré le
président de la République provisoire, ajoutant qu’il attend la fixation d’une
date pour une audience au cours de laquelle il lui présentera le rapport annuel
de la
BCT .
S’agissant du dossier du financement des partis politiques, M. Nabli a déclaré
que «la
BCT a présenté à la Cour des Comptes toutes les informations relatives
au financement des partis politiques, au cours des élections d’octobre 2011»,
laquelle publiera son rapport, a-t-il ajouté.
Répondant aux interrogations des journalistes, il a qualifié sa relation avec
l’ex-Premier ministre, Béji Caïd Essebsi «de bonnes». Puis d’ajouter: «je n’ai
pas de problèmes d’être l’ami de l’homme d’affaires Kamel Lateif tant que ce
dernier n’a pas commis d’acte illégaux».
Enfin, M. Nabli a indiqué n’avoir pas encore présenté sa démission pour deux
raisons. La première, c’est qu’il n’existe pas de causes objectives qui le
poussent à le faire, et la deuxième raison est liée au timing. «Le fait de
présenter ma démission sous la pression politique constitue un facteur
déstabilisant par la BCT», a-t-il soutenu. «La BCT ne tolère aucune intervention
étrangère concernant la question de la révocation, qui est une question
interne», relevant que les institutions internationales comme le FMI «n’ont pas
exprimé d’insatisfactions concernant les politiques financières adoptées par la
Tunisie au cours de la période actuelle».
Le gouverneur de la BCT a rappelé qu’en cas de la non adoption par l’ANC de la
décision relative à sa révocation, il restera à son poste, conformément à la loi
qui vise la préservation de la fonction du gouverneur de la Banque centrale.
WMC/TAP