âtiment du Reichstag, qui héberge le Bundestag, à Berlin. (Photo : John Macdougall) |
[09/07/2012 10:40:54] BERLIN (AFP) Une loi assouplissant la protection des données personnelles, adoptée par une trentaine de députés en 57 secondes en pleine demi-finale de l’Euro 2012 Allemagne-Italie, provoquait lundi une levée de boucliers en Allemagne.
Le journal Bild montrait par exemple à la Une une capture d’écran de l’hémicycle presque entièrement vidé de ses 620 députés, expliquant en légende: “au moment où la loi a été adoptée par le Bundestag, le 28 juin vers 20H52 (18H52 GMT), peu de députés sont présents. La plupart sont probablement en train de suivre la demi-finale.”
Une trentaine de députés de la majorité gouvernementale (conservateurs-libéraux) ont alors voté, sans débat, une loi autorisant les services municipaux à communiquer des données privées concernant leurs citoyens à des tiers, à des fins éventuellement commerciales.
En Allemagne, la protection des données privées est un sujet très sensible depuis le “fichage” des personnes sous les dictatures nazie et communiste est-allemande.
Le gouvernement a pris ses distances lundi. Il “espère”, tout en se disant “confiant”, une modification de la loi en deuxième lecture, a indiqué, manifestement embarrassé, le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert, lors d’un point presse régulier.
Horst Seehofer, chef de l’Union chrétienne-sociale (CSU), l’avatar bavarois de la CDU de Mme Merkel, a menacé de ne pas voter le texte, rapporte le magazine Stern dans son édition en ligne.
La ministre de la Consommation Ilse Aigner (CSU) déplore également que le projet de loi gouvernemental a été dénaturé en commission parlementaire, rappelant qu’il prévoyait initialement un renforcement du droit des citoyens de s’opposer contre la transmission de leurs données personnelles.
Le chef du parti social-démocrate (SPD, opposition), Sigmar Gabriel, a jugé cette loi “inacceptable”. “Le fichier de l’Etat (concernant les citoyens enregistrés par les autorités locales) n’est pas un espace de stockage qui doit servir à des fins économiques”, a-t-il dénoncé.
En tout état de cause, la loi n’a pas grande chance de passer au Bundesrat, la chambre haute du parlement où sont représentés les États régionaux, puisque l’opposition y est majoritaire.