A la fin du mois de mai 2012, tous les indicateurs relatifs à l’investissement direct étranger ont retrouvé leur niveau d’avant 2011, a assuré Riadh Bettaieb, ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale lors de la présentation du rapport mondial sur l’investissement au siège de la FIPA lundi 9 juillet 2012.
Il est appuyé par Noureddine Zekri, directeur général de la FIPA qui a annoncé que durant les 5 premiers mois de l’année 2012, 62 nouvelles entreprises se sont implantées en Tunisie, une augmentation de l’ordre de 18% a été enregistrée dans le secteur manufacturier par rapport à la même période en 2010. «C’est très significatif car c’est dans le secteur manufacturier que l’on réalise le plus grand nombre de créations d’emplois et de valeur ajoutée. Les IDE ont affiché une augmentation de 42,12% par rapport à 2011 et 14,15% par rapport à 2010, ce qui est de bonne augure».
Les entreprises ayant quitté la Tunisie exerçaient essentiellement dans la sous-traitance dans le secteur des textiles et n’ont pas pu résister aux pressions sociales et économiques postrévolutionnaires ainsi qu’à l’impact de la crise européenne sur notre région.
Pour James Zhan, directeur de la division de l’Investissement et des entreprises à la CNUCED, chargé de la présentation du rapport, les politiques d’investissement (EPI) doivent être revisitées dans des perspectives d’efficience, de pérennisation et de durabilité: «Il faut œuvrer pour de nouvelles règles en matière d’investissement. En 2011, les IDE ont régressé en Tunisie, ce qui est naturel au vu de la crise économique européenne, et le contexte postrévolutionnaire, mais les indices pour 2012 sont plutôt positifs avec 274 millions de $ d’investissements durant le premier trimestre soit +21% en comparaison avec 2011». Pour Riadh Bettaieb, la Tunisie n’épargnera aucun effort pour soutenir les investisseurs locaux et étrangers en dotant le pays «d’un cadre juridique et d’un réseau institutionnel qui le rendraient plus apte à répondre à leurs besoins».
Les grands projets annoncés par le Premier ministère, de l’ordre de 556 millions de $ soit le double de ce que la Tunisie y consacrait auparavant, serait de nature à dynamiser les investissements à tous les niveaux. Toutefois, il va falloir établir de nouvelles règles axées sur le respect de l’environnement, la création de nouvelles traditions en matière d’entreprises citoyennes et prenant en compte les dimensions sociales et humaines, c’est ce qui explique d’ailleurs que le rapport porte le nom «Vers une nouvelle génération de politiques d’investissements».
Le rapport de la CNUCED a mentionné l’insatisfaction concernant certains aspects des accords internationaux sur l’investissement et relève des difficultés pour les sociétés transnationales (STN) mondiales et régionales d’assurer en matière de standards touchant à la responsabilité sociale des entreprises. Les gouvernements, partout dans le monde, orientent leurs politiques dans une approche plus équilibrée entre la protection de l’investissement et le développement durable avec un risque, d’après le rapport de la CNUCED, d’une phobie anti-investissement dans un contexte de crise économique internationale.
Dans un pays comme la Tunisie, où le concept responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) est assez nouveau, des efforts sont à faire dans le sens de rassurer les fournisseurs qui y sont basés.
«Les standards RSE revêtent une importance croissante et affectent les chaînes d’approvisionnement globales. Les critères sociaux et environnementaux peuvent ouvrir de nouvelles opportunités d’affaires… De tels standards sont caractérisés par un degré d’exigence supérieur à celui des réglementations et pratiques habituelles dans les pays en développement… tout comme le fait que les préoccupations croissantes du consommateur et de la société civile impliquent pour les entreprises locales de nouveaux défis…».
Les STN peuvent aider leurs vis-à-vis à l’échelle nationale à accroître leurs capacités entrepreneuriales et managériales, mentionne le rapport de la CNUCED, mais à condition que les procédures et les réglementations locales répondent aux normes internationales.
Pour Riadh Bettaieb, ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale, l’adhésion de la Tunisie à la déclaration de l’OCDE sur l’investissement et les entreprises multinationales «constitue en soi une avancée significative en direction d’un véritable alignement de la politique tunisienne dans le domaine de l’investissement sur les standards internationaux».
Cela se traduira-t-il par des actes concrets sur le terrain?
Attendons voir…