ôpital Sao Jose, à Lisbonne, le 11 juillet 2012 (Photo : Patricia de Melo Moreira) |
[11/07/2012 16:43:37] LISBONNE (AFP) Plusieurs centaines de médecins portugais ont manifesté en blouse blanche mercredi à Lisbonne, au premier jour d’une grève nationale contre les mesures d’austérité appliquées par le gouvernement en contrepartie d’une aide financière internationale obtenue l’année dernière.
“Non à la fermeture de services de qualité”, “Accès pour tous et pas seulement ceux qui peuvent payer”, pouvait-on lire sur les affiches brandies par les protestataires qui se sont rassemblés, en blouses blanches, devant le ministère de la Santé dans le centre Lisbonne.
Certains portaient des crêpes noirs autour du bras en signe de deuil d’un système de Santé qu’ils estiment en péril en raison des coupes budgétaires décidées par le gouvernement et qui doivent représenter cette année quelque 800 millions d’euros.
Soutenus par l’Ordre des médecins, les syndicats qui ont appelé à deux jours consécutifs de grève, ont estimé à plus de 90% la participation des médecins au premier jour du mouvement. Le gouvernement n’a de son côté fourni aucune estimation.
Un service minimum avait toutefois été mis en place, équivalent à celui garanti habituellement les dimanches et jours fériés.
“Je suis ici pour protester contre la destruction du service public de santé et la fin des carrières médicales. Je suis inquiète pour ma formation et pour mon avenir”, a déclaré à l’AFP Eloisa Sobreira, 25 ans, en première année d’internat à Figueira da Foz (centre).
“Le service national de santé est menacé. Ils veulent le détruire en créant des disparités dans l’accès aux soins”, estimait Miguel Cunha, 49 ans, pédiatre à Chaves (nord-est).
“Je m’oppose totalement aux décisions et à l’attitude du gouvernement, notamment en ce qui concerne nos carrières. Les concours sont gelés et je ne parvient pas à progresser”, a renchéri Claudia Ferreira, 42 ans, médecin généraliste à Coimbra (centre).
D’une manière générale, les hôpitaux ont été nettement moins fréquentés que d’habitude mercredi mais de nombreux patients se sont plaints du report de leur consultation.
Selon des estimations du ministère de la Santé, la grève de deux jours pourrait, si elle était suivie par la totalité des médecins, entraîner l’annulation d’environ 400.000 consultations et de près de 4.500 opérations chirurgicales.
Frappé par une grave crise économique, le Portugal a obtenu en mai 2011 de l’Union européenne et du Fonds monétaire international une aide exceptionnelle de 78 milliards d’euros en échange d’un programme de réformes marqué par une austérité sans précédent.
Pour réduire les coûts dans le secteur de la santé, le gouvernement de centre droit, au pouvoir depuis un an, a notamment décidé de réduire les heures supplémentaires et le remboursement de médicaments, de fermer certains services et de doubler les tickets modérateurs.
La grogne des médecins à notamment pris pour cible une récente décision du gouvernement de recourir à des organismes de prestation de services pour le recrutement temporaire de médecins. Les médecins ont exigé l’annulation de cette mesure alors que le gouvernement a déjà renoncé à une procédure semblable pour les infirmiers, qui avait abouti à des salaires de moins de 4 euros de l’heure.
A la veille de la grève des médecins, les autorités, redoutant une mobilisation de grande ampleur, ont multiplié les efforts pour obtenir des syndicats qu’ils renoncent à un mouvement préjudiciable à l’image du Portugal, alors que le pays figurait en 2000, dans un rapport de l’OMS, à la 12e place du classement mondial des systèmes de santé.