Russie : la Douma adopte une loi controversée sur internet

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éseau social Facebook (Photo : Nicholas Kamm)

[11/07/2012 21:30:37] MOSCOU (AFP) La Douma, la chambre basse du Parlement russe a adopté mercredi des amendements controversés à une loi sur l’internet, provoquant des protestations, nombre d’observateurs redoutant qu’ils ne visent à censurer la toile en Russie.

Les amendements à la loi sur “la protection des enfants” contre les dangers pour “leur santé et leur développement” que comportent certaines informations ont été approuvés par 441 voix en deuxième lecture et par 434 voix en troisième et dernière lecture. Aucun député n’a voté contre.

La loi amendée doit maintenant être adoptée par la chambre haute du Parlement, le Conseil de la Fédération, et être ensuite ratifiée par le président Vladimir Poutine.

Les amendements, qui ont déjà été votés par la Douma le 6 juillet en première lecture, visent à la mise en place d’un registre fédéral qui réglementerait l’activité des sites internet contenant des informations interdites par la loi, obligeant leurs propriétaires ou les fournisseurs d’accès à les fermer.

La loi cible des sites diffusant de la pornographie à caractère pédophile, faisant la promotion de la consommation de drogue ou donnant des conseils pour se suicider. Mais il n’y est pas précisé à quel organisme fédéral reviendraient les décisions dans ce domaine.

Ce vote a suscité de nombreuses protestations, à commencer par celle du département d’Etat américain qui a dit “partager les inquiétudes du Conseil présidentiel russe pour les droits de l’homme et la société civile”.

En Russie, des sites internet et des opposants redoutent la censure.

“C’est une loi répressive (…). Apparemment, il s’agit du début de la fin de l’internet” en Russie, a déclaré l’opposant et écrivain Edouard Limonov, cité par l’agence de presse Interfax.

Wikipedia en russe a interrompu mardi pour 24 heures son fonctionnement, en signe de protestation. “Imaginez un monde sans connaissances libres”, était-il écrit sur la page d’accès à Ru.Wikipedia.org, toute vierge. Le principal moteur de recherche russe Yandex a suivi le mouvement, et son slogan “Tout sera trouvé” figurait mercredi sur sa page d’accueil avec le mot “tout” barré d’une croix rouge.

“On ne peut pas prendre de telles décisions à la hâte, comme cela se passe maintenant”, a souligné la rédactrice en chef de Yandex, Elena Kolmanovskaïa.

Le site de blogs Livejournal, très populaire en Russie, a aussi affirmé que “ces amendements peuvent aboutir à l’instauration de la censure sur l’internet russe”.

Le Premier ministre Dmitri Medvedev a défendu cette loi, lors d’une rencontre avec des responsables du parti au pouvoir Russie unie.

“L’internet doit être libre”, mais ses activités doivent toutefois être fondées sur “un certain nombre de règles”, a déclaré M. Medvedev, cité par les agences de presse, estimant qu’il fallait respecter “le droit à l’information” et aussi “le droit à la protection contre un contenu dangereux”.

En Russie, les sites comme Facebook et Twitter jouent un rôle de premier plan dans la diffusion des idées de l’opposition ou dans la coordination des actions de protestation.