Le mois du Ramadan est, depuis quelques années, source d’inquiétude pour les Tunisiens, notamment ceux à faibles revenus, étant donné que les prix des produits de première nécessité connaissent, quelques jours avant le Ramadan, une hausse vertigineuse, devenue cyclique ces dernières années. Le mois de piété est en fait le mois de toutes les hausses. Cette flambée des prix n’épargne souvent aucun produit, mais elle concerne beaucoup plus les légumes et fruits. C’est pour cela que nous nous sommes rendus au Marché de Gros de Bir El Kassâa.
Le constat est le suivant: les prix des fruits et légumes sont jusque-là stables et abordables. Reportage.
Il est 6 heures du matin, mais déjà ça grouille de partout. Des centaines de véhicules et autres camions, garés ici et là aux abords des quais de cette aire immense qu’occupe le Marché de Gros de Bir El Kassâa. Mais également un nombre incalculable de chariots que poussent des ouvriers de tous âges. Avec les cris qui vont avec.
L’espace comporte plusieurs pavillons dont la majorité est dédiée à la vente des légumes et fruits. Des centaines de tonnes de produits nous entourent. Au début, nous avons fait notre va-et-vient pour avoir une idée générale sur les prix pratiqués. Ainsi, d’une virée dans les pavillons, il ressort que ceux qui avaient prédit une hausse importante des prix ont, pour l’heure, fait chou blanc.
Un marchand intermédiaire (Habbat) de légumes témoigne: «les prix sont abordables et l’offre amplement suffisante. Le prix de la tomate varie entre 100 et 300 millimes le kilo, celui de la pomme de terre à partir de 500 millimes le kilo, et le piment vendu entre 800 millimes et 1,200 dinar». Toutefois, le prix du citron a sensiblement augmenté et a atteint 1,600 dinar voire plus. Et notre interlocuteur d’éclairer notre lanterne: «Les prix du citron s’envolent toujours en cette période de l’année».
Tableau
D’après l’arrêté du ministre de l’Economie nationale du 18 janvier 1988, les marges de détail maxima applicables à la vente des fruits et légumes sont fixées comme suit (taxes comprises) :
La pêche et la pomme en vedettes …
Dans l’ensemble, les fruits sont bon marché, en comparant bien évidement les prix et la qualité. «Les prix des fruits sont moyens, ni trop élevés ni trop bas. Un fruit acheté hors saison ou en tout début sera forcément plus cher qu’en pleine saison. «Et c’est le cas actuellement, par exemple, du raisin», assure un marchand de fruits qui cède la pêche à 800 millimes, la pomme locale à 2 dinars et celle de importée à 3,500 dinars.
Cependant, certains produits sont proposés au consommateur final à deux ou trois fois son prix au Marché de Gros. Les prix de certains légumes et fruits sont ainsi majorés à plus de 50% par rapport à ceux pratiqués sur le Marché de Gros. En fait, les marchands intermédiaires sont unanimes pour accuser le revendeur. «Outre les revendeurs, je dénonce certaines instances du ministère du Commerce qui devraient intensifier leurs actions de contrôle dans les marchés centraux et hebdomadaires, où certains agriculteurs préfèrent écouler directement leurs marchandises. Ce qui provoque une hausse importante des prix», précise M. Baccouche, marchand intermédiaire.
Léger manque de poissons!
Dans ce pavillon où s’entremêlent diverses odeurs, un poissonnier nous a indiqué que, «pour le moment, l’offre est un peu timide. Idem pour la demande. Il faudra peut-être attendre les deux derniers jours avant le mois du Ramadan pour voir l’affluence augmenter». Par ailleurs, le bonhomme affirme que les prix de poissons sont relativement élevés actuellement.
Approvisionnement normal du marché …
«En prévision du mois sacré de Ramadan, cette année toutes les mesures ont été prises pour assurer un approvisionnement normal du Marché de Gros dans l’objectif de protéger le pouvoir d’achat du consommateur final», a assuré Brahim Ben Brahim, directeur des relations publiques à la Société Tunisienne des Marchés de Gros (SOTUMAG), rencontré sur les lieux, mais qui tient à préciser que le rôle du ministère du Commerce durant cette période est primordial. «Le ministère devrait intensifier les opérations de sensibilisation et de contrôle afin de faire face à tout risque de spéculation sur les prix des produits de large consommation».
Le responsable a fait savoir qu’en fait, plusieurs mesures de contrôle ont été prises au sein du Marché de Gros, entre autres la mobilisation d’agents supplémentaires de contrôle afin que chaque pavillon soit supervisé par quatre agents.
Pour tout dire, les prix des légumes et fruits sont, jusque-là, stables et abordables au niveau du Marché de Gros de Bir El Kassâa. A partir de ce constat –et s’il perdure-, nous pensons que le mois de Ramadan cette année ne s’annonce pas cher, à condition que le ministère du Commerce redouble d’effort dans le contrôle des différents canaux de distribution et surtout ceux de la vente au détail.
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