Outre l’incertitude politique –que la tenue plutôt réussie des élections devrait contribuer à dissiper- et la sécurité, qui laisse encore à désirer, notamment en raison du nombre de groupuscules armés n’ayant pas remis leurs armes, des problèmes à régler à court terme, la Libye est confrontée «au double défi de la stabilisation de l’économie et de la satisfaction des aspirations de la révolution», constate le dernier rapport périodique du Fonds monétaire international.
Même si, à la différence de la Tunisie, elle dispose, avec le pétrole, d’une source de revenus intarissable, et lui permettant «des niveaux élevés de dépenses courantes en période transitoire», la Libye ne peut pas faire l’économie de réformes économiques profondes.
Selon le FMI, la Libye doit, à moyen terme, ouvrir une multitude de chantiers, allant de l’amélioration de la qualité de l’éducation, à la reconstruction des infrastructures, en passant par le développement du marché financier, la réduction de la dépendance des hydrocarbures, la mise en place d’un système de sécurité sociale efficient, un cadre de gouvernance favorisant la transparence et la responsabilité pour promouvoir «développement, création d’empois et croissance inclusive tirés par le secteur privé».
A la différence du voisin tunisien, les nouvelles autorités libyennes se trouvent dans un contexte économique plus favorable pour ouvrir ce vaste chantier. En effet, la reprise économique pointe déjà à l’horizon grâce à la remise en marche de la machine pétrolière –en avril 2012, la production de pétrolière a atteint 90% de son niveau d’avant la chute du régime Kadhafi. En conséquence, le FMI s’attend à une reprise de l’activité économique en 2012, le retour de la production pétrolière à son niveau normal devrait, avec les dépenses de construction et la «libération» de la demande du secteur privé jusque-là «retenue», «faciliter l’amélioration des secteurs non-pétroliers, et entraîner un excédent fiscal estimé à 14,2% du PIB et de la balance courante de 21,9%.
Pour atteindre ses objectifs économiques et sociaux, le FMI a conseillé aux nouvelles autorités libyennes de mener une série de réformes touchant à divers domaines. D’abord, la Banque centrale de Libye a été encouragée à développer une stratégie à moyen terme et «renforcer les infrastructures, le cadre réglementaire et les ressources humaines» des banques commerciales.
Ensuite, le gouvernement a été invité à réformer la politique fiscale pour la rendre plus favorable à la stabilité macroéconomique, car «des politiques fiscales inchangées éroderaient la richesse de la Libye».
Or, le FMI s’inquiète de la tendance amorcée depuis deux ans et appelée, selon lui, à se poursuivre à se s’aggraver à l’avenir en l’absence de changement de politique. En effet, les dépenses courantes que l’ancien régime avait augmentées significativement pour augmenter les salaires et les emplois dans le secteur public et les subventions des produits de basse devraient continuer à croître pour représenter, en 2012, 30% du PIB.
Un «luxe» que la Libye peut se permettre à court terme, mais qui «est incompatible avec une priorisation budgétaire appropriée» et «entraînera une appréciation dommageable du taux d’intérêt réel».
D’ailleurs, c’est pour cette raison que le FMI recommande aussi une gestion plus rationnelle de l’emploi et des salaires dans le secteur public. Le gouvernement est appelé à «résister à la tentation de créer des emplois de service public dans le seul but de garantir un revenu aux chômeurs» et de faire en sorte que «les salaires dans le public ne soient à un niveau tel qu’il diminue la motivation des individus à chercher un emploi dans le privé, car cela sapera les efforts pour promouvoir la diversification économique».