Le Centre tunisien de veille et d’intelligence économique (CTVIE), relevant de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), a organisé vendredi 13 juillet à la Maison de l’Entreprise une table ronde sous le thème «Dégradation de la notation S&P de la Tunisie: une feuille de route», animée par Walid Belhadj Amor, président du CTVIE, en présence entre autres de Moncef Ben Slama, président de la Commission des experts, et Mohamed Haddar, président de l’Association des économistes tunisiens (ASECTU).
«Nous avons décidé d’organiser cette table ronde en laissant passer le temps pour que la tension retombe et que nous sortions de la polémique politicienne et à laquelle nous ne souhaitons surtout pas être mêlés», a déclaré M. Belhadj Amor qui ajoute que son équipe souhaiterait proposer des solutions et soumettre au débat une feuille de route qui va s’articuler autour de mesures qualifiées d’urgentes outre des mesures structurelles à plus long terme.
M. Amor a ainsi fait savoir que la dégradation de la notation de la Tunisie par S&P est venue, en même temps, pointer un certain nombre de défaillances endogènes liées directement aux performances économiques de la Tunisie et à la détérioration des finances publiques, mais aussi de l’éventuelle capacité du gouvernement à proposer un plan de sortie de crise.
«On constate également qu’on pointe des défaillances exogènes qui portent essentiellement sur l’impact de la crise économique mondiale et celle que vit l’Europe, premier partenaire économique de la Tunisie plus particulièrement», ajoute-t-il.
Lors du débat, le responsable a abordé la question du commerce extérieur et a cherché à attirer l’attention plus particulièrement sur les conséquences qui toucheraient directement les entreprises. Sur ces conséquences, il a évoqué des risques de renchérissement du coût de crédit, de durcissement des conditions de crédit aux entreprises et qui, dans les conditions économiques actuelles, seraient terribles parce que cela, dit-il, limiterait directement les capacités d’investissement des entreprises et donc leur capacité à créer des emplois.
«La situation est peut-être aujourd’hui préoccupante mais nous devons être convaincus que des solutions existent, et c’est plus aujourd’hui notre capacité à assurer les conditions de mise en œuvre de ces solutions qui est en question», estime Belhadj Amor.
Pour sa part, l’expert Moncef Ben Slama a indiqué, en présentant les recommandations proposées par le CTVIE, que «nous ne croyons pas que le gouvernement de transition sera en mesure de prendre des mesures proactives correctives pour contrer l’affaiblissement de l’économie et de la sphère financière, qui soient compatibles avec un rating investment grade».
En évoquant le sujet de la fragilité bancaire, l’expert a tenu à préciser qu’il faut considérer dans ce stade que l’élément nouveau qui motive la récente dégradation réside, pour une part appréciable, dans l’amplification des facteurs de fragilité systémique du secteur bancaire tunisien, en raison notamment de la faible portée des dispositifs de contrôle prudentiel et de supervision.
«En d’autres termes, et alors que le secteur bancaire a déjà été jugé à haut risque, S&P a estimé que la capacité de résilience de l’économie tunisienne présente toujours un risque intermédiaire dans la gestion des déséquilibres globaux», précise M. Ben Slama.
Quant aux recommandations, l’expert a présenté différentes préconisations urgentes, à court terme et structurelles à plus longue maturité. Six axes de recommandations ont ainsi été déclinés, à savoir le préalable politique, l’ajustement macroéconomique, les ajustements financiers, l’attractivité par rapport à l’environnement des affaires, les réformes institutionnelles et engagements euro-méditerranéens, et enfin le lobbying.