Un ouvrier agricole lors des vendanges dans un vignoble de la Napa Valley, en Californie, le 1er juin 2012. (Photo : Kimihiro Hoshino) |
[15/07/2012 13:47:49] NAPA VALLEY (AFP) Des iPads dans les vignobles aux dégustations partagées sur Twitter, la viticulture américaine se tourne petit à petit vers internet pour bonifier ses millésimes et ses bénéfices.
Dans un univers jaloux de ses traditions, l’idée d’ouvrir des forums de discussion ou de partager sur le net des photos de vignobles ne va pas de soi, même si elle ouvre de nouveaux horizons, selon les participants d’un récent salon organisé dans la Napa Valley en Californie, la Mecque du vin américain.
“Le secteur du vin a plus de potentiel avec les réseaux sociaux, tout simplement parce que le vin est social”, explique à l’AFP Andrew Healy de 3 Rock Marketing, une société de conseils sur internet, regrettant que le métier soit toutefois “réticent face au changement”.
Une autre compagnie baptisée Vin Tank propose à la viticulture, “enlisée dans des lois antiques”, de faire appel aux nouvelles technologies pour contourner ses “innombrables complexités”.
Selon ces experts, internet pourrait permettre aux viticulteurs de vendre directement leur production aux consommateurs, leur épargnant à la fois les tracas de la réglementation sur le commerce d’alcool et le recours aux distributeurs.
Vin et nouvelles technologies? En Californie, la proximité est aussi géographique. La Napa Valley, et ses innombrables caves de dégustation, est à quelques encablures de la Silicon Valley, temple du net, de l’informatique et des réseaux sociaux.
“Tous les jours, des gens de Google, Facebook et autres viennent passer du temps et dépenser de l’argent dans la Napa Valley”, assure Andrew Healy.
ée du siège du groupe à Mountain View, dans la Silicon Valley, en 2005. (Photo : Nicholas Kamm) |
Du coup, viticulteurs et négociants sont de plus en plus incités à se construire des communautés virtuelles sur Facebook, Twitter ou Google+.
Des tablettes dans les vignes
“Les marques qui s’y sont mises profitent à fond du marché”, assure Sean Moffitt, coauteur du livre “Wikibrands” consacré aux stratégies de changement des entreprises.
Une autre tendance a émergé du salon qui s’est tenu dans la Napa Valley: les tablettes numériques sont en train de transformer le marché, en fournissant aux vignerons des outils pour surveiller la maturation du raisin ou lancer une campagne de promotion auprès de grands acheteurs.
“L’époque où on achetait son vin sur une liste en papier arrive à son terme”, diagnostique Josh Hermsmeyer, responsable de la société Alpha Lab, qui a participé à une enquête sur la popularité des iPads dans le monde du vin.
Dans l’exploitation Hahn Family Wines, cinquante tablettes d’Apple sont à pied d’oeuvre. “Le responsable de la mise en bouteille n’a même pas de bureau, il se balade juste avec son iPad”, assure Joshua Cairns, chargé du marketing chez Hahn Family Wines.
Les visiteurs de cette exploitation sont invités à utiliser des iPads pour évaluer les vins, prendre des notes et se les envoyer par courriel et alimenter la base de données du vignoble.
Beaucoup de vignobles restent toutefois à l’écart de la révolution internet. “Les vignerons sont habitués à prévoir ce qu’ils doivent planter maintenant et ce qu’ils récolteront dans dix ans et nous, nous parlons de ce qu’il faut répondre dans un tweet en 15 secondes”, relève J. Smoke Wallin, l’organisateur du salon qui s’est achevé mercredi.
Selon lui, la viticulture a toutefois beaucoup à gagner avec internet en termes de relations avec les clients et de données sur leurs ventes.
“Cette révolution de l’information est actuellement la principale force de mouvement dans l’économie”, a assuré Dave Maney, du site Economaney.com, devant les participants du salon.