Le dernier rapport de Transparency International – organisation anti-corruption-, publié mardi 10 juillet 2012, dénonce en règle la non-conformité de certaines multinationales aux normes de transparence attendues.
Selon l’ONG, seule une infime partie des cent-cinq multinationales les mieux cotées en Bourse rendent publique leur réelle contribution aux économies des pays dans lesquels elles travaillent.
“Outre les informations concernant les opérations financières de ces géants partout où ils sont implantés, le rapport de Transparency International prend en compte la transparence dans leur organisation interne, ainsi que la mise en place de systèmes anti-corruption dans ces pays“, lit-on dans la synthèse du portail méditerranéen econostrum.info.
Toutefois, le rapport souligne quelques progrès des entreprises en comparaison à une étude de la même nature éditée en 2008, même si dans l’ensemble l’ONG estime qu’il est possible de faire mieux surtout dans une période de crise financière mondiale.
Transparency International affirme qu’“une grande partie des entreprises listées maintiennent l’opacité sur leurs activités dans les pays où elles travaillent“, et que 41 des 105 compagnies évaluées “n’ont publié aucune information sur leurs opérations locales“. Et comme par hasard, c’est dans les pays les plus touchés par la crise où l’opacité financière des multinationales est la plus criarde. C’est le cas notamment de la Grèce, où “aucun chiffre n’existe concernant l’impôt sur les sociétés payées à l’État grec par quarante-trois des multinationales implantées dans ce pays“; même chose pour l’Espagne…
Mais heureusement que certaines grandes compagnies font preuve de transparence. Parmi elles, Transparency International cite Statoil, la compagnie norvégienne de pétrole qui “excelle avec un indice de transparence de 8,3 (0 étant l’indice moins transparent, et inversement 10 le plus transparent). Cette palme d’or récompense la publication d’informations concernant les impôts versés et les profits réalisés dans les pays où elle opère, ainsi que les programmes anti-corruption qu’elle y mène“. Et c’est même une exception dans le secteur de l’énergie (les autres compagnies du secteur récoltent des notes qui montrent une grande opacité dans leurs données financières).
Mais selon le président du conseil consultatif de Transparency International, Jermyn Brooks, il y a une explication simple: “L’expérience montre que l’obligation de publier des informations encourage les entreprises à mettre en place des systèmes de gestion solides soutenant la publication de données, améliorant dans le même temps leurs systèmes de lutte contre la corruption“, indique notre source.
Selon notre confrère, “ce rapport relance la réflexion autour d’une législation européenne pour la transparence“. C’est dans ce cadre que “la Commission prévoit une directive européenne demandant aux sociétés d’exploitation pétrolières, gazières, minières et forestières basées dans l’Union européenne, de publier les montants payés aux gouvernements des pays où elles travaillent. Cette proposition, qui devra être votée par le Parlement européen en automne 2012, bénéficie déjà depuis avril 2012 de l’appui des parlementaires européens auteurs d’un appel du Parlement à des solutions contre la fraude, rappelant que la transparence reste une nécessité pour la détection des évasions fiscales des entreprises“.