à Madrid (Photo : Dominique Faget) |
[16/07/2012 11:55:44] MADRID (AFP) Spontanées ou à l’appel des syndicats, les manifestations se multiplient en Espagne contre le nouveau plan de rigueur qui va imposer de lourds sacrifices au pays, avec une hausse de la TVA, et porte un coup dur aux fonctionnaires, privés de leur prime de Noël.
Sans attendre la journée officielle convoquée jeudi par les syndicats, ils se sont jetés dans les rues, par milliers ou par petits groupes, de jour comme de nuit, depuis l’annonce, le 11 juillet, du plan gouvernemental destiné à économiser 65 milliards d’euros, criant le malaise de tout un pays.
“Ces mesures vont ruiner l’Espagne. Nous ne consommons pas, nous n’achetons plus. Nous devons descendre dans la rue, nous ne pouvons pas rester assis”, lance Angeles Carrasco, une fonctionnaire régionale de 57 ans qui manifestait à Madrid lundi matin.
Parmi eux, ces images insolites de métiers habituellement silencieux: des policiers, sans insigne de fonction, faisant face aux cordons des forces anti-émeutes, ou des pompiers, casque sur le crâne, vedettes du défilé surprise qui a parcouru Madrid dimanche soir, aux cris de “c’est un hold-up, mains en l’air”.
é imposées par le gouvernement espagnol, à Madrid, le 16 juillet 2012 (Photo : Dominique Faget) |
A leurs côtés, infirmières, enseignants, employés des administrations ou citoyens ordinaires venus montrer leur sympathie, sans pancartes, derrière une simple banderole blanche portant les mots: “Ensemble, nous pouvons”, alertés via les réseaux sociaux.
Car le mot-clé qui fait fureur depuis dimanche en Espagne, sur Twitter, s’appelle #graciasfuncionarios (mercifonctionnaires), entraînant une déferlante de messages de soutien comme: “mercifonctionnaires, pour éduquer, enseigner, soigner, défendre, aider, nettoyer, conduire, SERVIR”.
Après avoir tard dans la nuit quitté les abords du Congrès des députés, transformé en camp retranché derrière les barrages policiers, environ un millier de manifestants ont encore une fois, lundi, mis le cap sur le Parlement.
“C’est intolérable. Les problèmes de l’Etat ne viennent pas des fonctionnaires. C’est injuste et honteux”, s’indigne Miguel Contreras, infirmier de 28 ans venu de la région de Castille la Manche, dans le centre de l’Espagne.
“Il y a des hôpitaux qui sont vides, des usines qui ne servent à rien parce qu’ils licencient… L’espoir est mince, mais rester assis à la maison, c’est comme les aider à faire ce qu’ils veulent”.
Au même moment, à l’heure de la pause-café, les fonctionnaires des administrations du centre de Madrid étaient appelés, par les syndicats cette fois, à profiter de leur demi-heure de liberté pour occuper les trottoirs.
Car après une baisse des salaires de 5% décidée en 2010 par le gouvernement socialiste, la fonction publique est une nouvelle fois durement frappée par le gouvernement de droite: finie la prime de Noël, une bouffée d’oxygène équivalant à un mois de salaire, bienvenue en fin d’année pour les foyers espagnols. Sa suppression revient à baisser de 7% environ le salaire annuel.
à Madrid contre les mesures de rigueur, le 16 juillet 2012 (Photo : Dominique Faget) |
“Les salaires des fonctionnaires sont déjà très bas, les mille euros de la prime de Noël servent à remplacer des choses pour la maison, à acheter des cadeaux”, remarque Angeles Carrasco.
La mesure s’ajoute à la hausse de la TVA, dont le taux plein atteindra 21%, et à une baisse de l’indemnité chômage, de 60% à 50% au bout de six mois. Objectif: répondre aux exigences de Bruxelles et du Fonds monétaire international (FMI), et réduire le déficit public de l’Espagne à 6,3% cette année, 4,5% en 2013 et 2,8% en 2014.
Mais avec ce nouveau tour de vis, les Espagnols voient fondre encore leur pouvoir d’achat et s’éloigner tout espoir d’une sortie du tunnel, à l’heure où le pays, en récession, affiche un chômage record de près de 25%.
Ignacio Fernandez Toxo, secrétaire général du syndicat CCOO, a brandi lundi la menace d’une nouvelle grève générale, “inévitable”, a-t-il dit, si le gouvernement maintient ces mesures.