électricité nucléaire Olkiluoto en mai 2011, en Finlande (Photo : Aira Vehaskari) |
[16/07/2012 15:22:51] HELSINKI (AFP) Le réacteur nucléaire EPR que le français Areva et l’allemand Siemens bâtissent en Finlande continue d’accumuler les retards, l’opérateur finlandais TVO ayant annoncé lundi que l’entrée en service était repoussée après 2014.
“D’après les informations transmises par le consortium Areva-Siemens, Teollisuuden Voima Oyj (TVO) estime que le réacteur de production d’électricité nucléaire Olkiluoto 3 ne sera pas prêt pour une production d’électricité normale en 2014”, a affirmé le groupe dans un communiqué.
“Les travaux d’installation du réacteur et l’ingénierie du système d’automatisation de la centrale sous la responsabilité du fournisseur n’ont pas progressé conformément au calendrier du fournisseur”, et “TVO attend du fournisseur qu’il mette à jour le calendrier global”, a-t-il ajouté.
Cette déconvenue ne fait que s’ajouter aux multiples déboires du chantier, démarré sur la côte Ouest de la Finlande en 2005. Alors que le réacteur OL3 devait initialement entrer en service en 2009, des retards sont annoncés chaque année. Jusque-là, la date prévue était d’août 2014 pour ce réacteur d’une capacité de 1.600 mégawatts.
TVO a fait part de son agacement: “Bien que nous ne soyons pas satisfaits de la situation et qu’il y ait eu des problèmes répétés de fixation du calendrier, les travaux progressent et des solutions pour les points de construction et d’ingénierie restants sont trouvées les unes après les autres”.
“Les installations mécaniques de toutes les composantes majeures du réacteur sont achevées, et la majeure partie des installations de tuyauterie a été implantée. Les préparatifs pour la mise en route sont en cours”, a-t-il expliqué.
Fin 2011, Areva disait avoir réalisé les deux tiers du travail.
Trois autres réacteurs sont en construction dans le monde, un à Flamanville (Manche, nord-ouest de la France), et deux à Taishan (sud-est de la Chine).
Il est probable que ces deux réacteurs chinois, construits en collaboration avec l’opérateur chinois CNGPC, seront les premiers au monde à entrer en service, fin 2013 et fin 2014 selon le calendrier actuel. A Flamanville, le démarrage initialement prévu pour 2012 est reporté à 2016.
électricité nucléaire Olkiluoto en mai 2011, en Finlande (Photo : Aira Vehaskari) |
Areva présente ce réacteur nucléaire dit de troisième génération, à eau pressurisée, comme plus sûr, performant et durable que ses concurrents.
Contactée par l’AFP, Areva n’avait pas réagi dans l’après-midi.
Les problèmes de l’EPR ont fait perdre beaucoup de crédit au géant français du nucléaire. A cause de ces retards, il a passé des provisions qui ont déjà largement excédé le prix auquel le réacteur a été vendu, 3 milliards d’euros dont il a touché 1,8 milliard.
En quatre ans, l’action Areva a perdu plus de 85% de sa valeur à la Bourse de Paris. Cependant, elle était en hausse lundi grâce à une cession d’un producteur d’or canadien, La Mancha Resources. Le retard de l’EPR finlandais a très peu surpris les investisseurs.
TVO a déjà tenté de pénaliser ses fournisseurs en plaçant sous séquestre des sommes qui leur étaient dues. Le consortium (73% Areva et 27% Siemens) a répondu sur le terrain judiciaire, et obtenu d’un tribunal arbitral début juillet le déblocage de 125 millions d’euros.
Le finlandais a aussi lancé des procédures pour obtenir réparation face aux retards. TVO se targue d’avoir réalisé “le plus grand investissement dans l’histoire de l’industrie finlandaise”.