éputés, le 12 décembre 2011 au Parlement à Budapest (Photo : Attila Kisbenedek) |
[17/07/2012 05:15:06] BUDAPEST (AFP) La Hongrie doit entamer des négociations ardues avec le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne (UE) en vue d’un prêt d’environ 15 milliards d’euros pour assainir les finances du pays, négociations qui débuteront avec sept mois de retard pour cause de contentieux sur une réforme de la Banque centrale hongroise (MNB).
Une délégation du FMI, accompagnée de représentants de l’UE, doit arriver à Budapest et y rester jusqu’au 25 juillet.
“Ceux qui s’attendent à des négociations rapides seront déçus”, a prévenu le Premier ministre conservateur, Viktor Orban. Les partenaires entreront dans le vif du sujet à la fin de l’été, a-t-il dit récemment à la chaîne de télévision privée Hir TV.
Fin décembre, les négociateurs internationaux avaient quitté précipitamment Budapest après l’adoption d’une réforme de la MNB jugée préjudiciable à son indépendance.
écembre 2011 (Photo : Attila Kisbenedek) |
Bon gré, mal gré, le gouvernement a produit une version révisée plus conforme aux normes européennes, avalisée en juin par la Banque centrale européenne (BCE).
Le prêt demandé par Budapest devrait lui permettre d’emprunter à des taux moins élevés sur le marché obligataire, alors que le taux d’intérêt sur 10 ans s’est élevé le 13 juillet au niveau insupportable sur le long terme de 7,85%.
La Hongrie a perdu la confiance des investisseurs en raison de sa politique économique jugée incohérente, notamment avec ses mesures “non-conventionnelles”, comme la nationalisation forcée des caisses de retraites privées.
Coïncidence? Son auteur, le ministre de l’Economie, György Matolcsy, a choisi de prendre ses vacances exactement pendant la durée de la visite du FMI.
Le pays a été rétrogradé dans la catégorie spéculative par les agences de notation, provoquant une grimpée des taux d’intérêt et un affaiblissement de la devise nationale, le forint.
éputés hongrois votent une loi sur la Banque centrale, le 6 juillet 2012 au Parlement à Budapest (Photo : Ferenc Isza) |
La réticence à se conformer aux demandes de l’UE a fait douter des intentions du Premier ministre. A croire que “le gouvernement n’a pas l’intention de trouver un accord avec le FMI”, notait récemment l’institut de recherche économique GKI dans une analyse.
Budapest veut “se donner du temps”
A son arrivée au pouvoir il y a deux ans, Viktor Orban avait proclamé ne plus avoir besoin du FMI, grâce auquel pourtant le pays avait évité la faillite en 2008. Devoir recourir de nouveau au FMI est vécu comme un échec.
Selon Gergely Tardos, chef économiste de la banque privée OTP, interrogé par l’AFP, “le gouvernement veut simplement se donner du temps pour obtenir les meilleures conditions” du FMI.
Plusieurs experts jugent qu’un accord n’interviendra sans doute pas avant décembre.
Mais, si la crise de la zone euro s’aggravait, Budapest sera contraint “d’accepter rapidement les conditions du FMI”, avertit Adam Keszeg, économiste à la Raiffeisen Bank.
La Hongrie, très dépendante des exportations, souffre en effet de la détérioration de la conjoncture mondiale. Son Produit intérieur brut (PIB) s’est contracté de 1,3% au premier trimestre comparé au dernier de 2011, le plus mauvais résultat dans l’UE après la Grèce et le Portugal.
äuble et György Matolcsy (d), le 5 décembre 2011 à Budapest (Photo : Attila Kisbenedek) |
Parmi les points litigieux figurent certains impôts, comme ceux sur les banques ou les sociétés de télécoms, jugés non-conformes aux normes européennes, ou l’impôt forfaitaire sur le revenu (flat tax): chaque contribuable, quels que soient ses revenus, est imposé au taux de 16%, ce qui a provoqué un trou de deux milliards d’euros dans le budget.
Le FMI va demander la fin des mesures “non-conventionnelles”, le remplacement des impôts sectoriels controversés et le retour à un système d’imposition progressif sur le revenu, selon les experts.
Pour Gergely Tardos, “l’intérêt de la Hongrie est d’arriver à un accord, car l’argent des institutions financières est beaucoup moins cher que celui que le pays peut se procurer sur les marchés”.