accueil du site internet Facebook (Photo : Nicholas Kamm) |
[17/07/2012 06:51:41] PARIS (AFP) “Y a t-il besoin du bac pour postuler?” Des commentaires comme celui de Lila, posté sous une annonce d’Axa, prolifèrent sur Facebook, où les employeurs tentent désormais de ferrer les candidats. Un pari, car les utilisateurs rechignent encore à sortir des sentiers du loisir.
L’Oréal, Leclerc, Mr Bricolage ou encore le cabinet Michael Page: depuis quelques mois, les entreprises se bousculent au portail du célèbre réseau, où elles chassent les recrues pour des secteurs et des qualifications variés.
Phénomène émergent en France, il est d’une toute autre ampleur outre-Atlantique: selon une étude réalisée par l’application de recherche d’emploi “BranchOut”, 18 millions d’Américains auraient trouvé un emploi via Facebook.
A tel point que le réseau social s’apprêterait, selon le Wall Street Journal, à lancer sa propre fonctionnalité “recherche d’emploi”.
Dans l’Hexagone, certaines enseignes utilisent désormais une application dédiée aux candidats, “Oh my job”, qui recense sur une page Facebook plus de 10.000 offres chez 50 employeurs.
“L’idée était de profiter du fort trafic pour lancer une application utile, tournée vers les PME qui ont du mal à recruter”, explique Olivier Pujol, l’un des fondateurs.
Le principe étant de préserver une “étanchéité avec la vie privée”, puisqu’aucune donnée personnelle ne filtre lorsqu’on décide de postuler.
En France, Facebook revendique 25 millions d’utilisateurs actifs, notamment chez les 25-34 ans (26% des abonnés) et les 35-44 ans (16%), selon le site Socialbakers.
“Facebook est un continent où les 25-35 ans sont très représentés. Passer à côté d’eux, c’est rater son recrutement”, estime Nicolas François, de l’association pour l’emploi des cadres (Apec). Pour autant, il note que les réseaux sociaux ne sont à l’origine que de 2% des recrutements de cadres en 2011.
La force de Facebook: la recommandation social
C’est là tout le pari: alors que Facebook est essentiellement dévolu aux loisirs et à la convivialité, les employeurs anticipent une professionnalisation du réseau avec un même leitmotiv “aller chercher les candidats là où ils sont”.
Pour la DRH de Mr Bricolage, les premiers retours sont “excellents”. “En moins de 15 jours, nous avons eu 770 clics sur +postuler+, ce qu’on peine à atteindre en un mois”, relate Sophie Gautier.
Même enthousiasme chez le cabinet Kobaltt, spécialisé dans le recrutement “haute qualification”. “Au début, on utilisait Facebook à dose homéopathique, pensant toucher des jeunes et des +geeks+. Finalement c’est transgénérationnel”, observe son directeur général adjoint, Cyril Chauvin.
Mais l’arbre “Oh my Job” ne fait que cacher la forêt des stratégies de recrutement sur Facebook.
Publicités apparaissant opportunément en fonction des données professionnelles entrées sur votre profil, algorithmes favorisant la cooptation… La société française Work4lab fournit des technologies à plus de 20.000 entreprises dans le monde afin de les aider à chasser des candidats sur Facebook.
“L’intérêt, contrairement aux applications qui regroupent des offres, est de toucher des candidats passifs en jouant sur la cooptation, qui est à l’origine de 30% des recrutements”, explique Stéphane Le Viet, patron de Work4Lab.
“Le recrutement est pertinent sur Facebook, car sa force réside dans le partage et la recommandation sociale”, poursuit Michelle Gilbert, porte-parole du réseau, qui estime que “ses usages sont de plus en plus adaptés aux services tels que la recherche d’emploi”.
Un axe de développement stratégique qui n’a pas échappé au géant bleu. Selon le Wall Street Journal, le marché de la recherche d’emploi sur internet est évalué à plus de 4 milliards de dollars.