PSA : la prudence des Peugeot a freiné les alliances du groupe à l’étranger

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ésident du conseil de surveillance de PSA, le 3 juin 2009 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[17/07/2012 17:37:27] PARIS (AFP) La famille Peugeot, qui veille depuis plus d’un siècle sur l’indépendance du constructeur automobile PSA, s’est toujours montrée prudente en matière d’alliances, au point de freiner la nécessaire expansion internationale du groupe.

“A trop vouloir peser et sous-peser, on finit par rater le coche”, résume auprès de l’AFP Jean-Louis Loubet, auteur de “La Maison Peugeot” (Perrin). Il rappelle que la prudence chez les Peugeot est un héritage familial venu d’un territoire protestant et industriel, le pays de Montbéliard, berceau familial depuis le XVIe siècle.

“Ce capitalisme protestant se distingue du capitalisme traditionnel par le fait qu’il privilégie la transmission de l’entreprise à la réalisation de profits”, explique Jean-Louis Loubet.

Si la famille ne dirige plus directement le groupe PSA depuis le milieu des années 1960, elle n’en joue pas moins un rôle primordial.

En 1990, elle ne détenait qu’environ 23% du capital et près de 35% des droits de vote, devant Michelin. Le fabricant de pneumatiques, qui s’est retiré depuis, était étroitement lié au groupe PSA depuis sa constitution en 1976 puisqu’il était propriétaire de la marque Citroën avant qu’elle ne soit vendue à Peugeot.

Le contrôle familial s’exerce aujourd’hui via le conseil de surveillance, présidé par Thierry Peugeot et qui compte cinq membres de la famille sur douze.

Les héritiers du fondateur Armand Peugeot détiennent, via la Holding Société foncière financière participation (FFP) 25,4% du capital et 38,1% des droits de vote.

Le reste du capital est entre les mains d’investisseurs français et étrangers, des salariés (2,6%), du groupe General Motors (7%) et d’individuels (7%).

“L’indépendance, c’est rester l’actionnaire de référence, quel que soit le niveau de pourcentage”, rappelait récemment Robert Peugeot, Pdg de FFP.

Stabilité et pérénité

La vision de la famille avait été rappelée par Pierre Peugeot, ancien président du conseil de surveillance, quelques mois avant sa mort en 2002, indique Jean-Louis Loubet dans son ouvrage: “On peut transformer l’entreprise en un groupe d’envergure mondiale, tout en s’attachant à conserver ses spécificités et maintenir un actionnariat solide, gage de stabilité et de pérennité.”

Son fils Thierry lui a succédé en 2002 et n’a guère changé de ligne. Il s’était dit ouvert à des alliances en 2009, au moment de l’arrivée de Philippe Varin (l’actuel président du directoire), mais à condition que la famille reste l’actionnaire de référence.

“C’est cette réticence à s’ouvrir à des alliances qui a fait manquer à PSA le virage de l’expansion internationale”, analyse un expert.

“La famille a certes confié à Philippe Varin une mission d’internationalisation mais ce n’est que sous la pression de la crise, qui a durement frappé le groupe en Europe, qu’ils se sont rapprochés cette année de General Motors, peut-être un peu tard”, poursuit-il.

Pour l’historien Jean-Louis Loubet toutefois, on ne peut résumer la stratégie du groupe, et ses difficultés actuelles, aux seuls choix da la famille Peugeot.

“Un groupe automobile n’existe que parce qu’il parvient à vendre des voitures, or c’est à Philippe Varin et Frédéric Saint-Geours (le patron des marques) que revient la responsabilité de lancer de nouveaux modèles”, explique-t-il.

Une rumeur, relayée récemment par la presse, du départ de M. Varin du groupe à la demande de la famille, a été rapidement démentie par celle-ci.