Promis à un franc succès, le défunt festival “Tunisie Shopping“ n’a jamais pourtant pu décoller commercialement. Pourtant, le concept a été bien rodé. Au moment où le secteur touristique est à la recherche de nouvelles niches de diversification, Tunisie Shopping peut reprendre du service.
C’était une belle trouvaille, entre la braderie et les «Happy Hours», cette petite plage horaire de soldes flash. Le festival des achats est un concept qui a connu diverses fortunes sous d’autres cieux. Celui de Dubaï, à titre d’exemple, roule très fort. Il a même parrainé son homologue tunisien en nous offrant une voiture de luxe et de nombreuses autres dotations pour la loterie du festival.
Trois éditions du festival tunisien, dénommé «Tunisie shopping», n’on pas été convaincantes. Si la première édition a été mise sur pied, au forceps, les deux sessions qui ont suivi ont été bien encadrées.
Pourquoi ce festival s’est-il donc essoufflé avant d’atteindre son seuil de décollage? Nous pensons qu’il a souffert d’un ciblage impropre. Sa communication en a pâti. L’impact n’a pas été au rendez-vous. Notre journal a suivi le déroulement de «Tunisie shopping» et nous savons qu’il peut être réactivé, en ce moment, sans grands frais, quasiment sans efforts et cette fois avec un bon effet en retour, en s’adossant sur le capital de sympathie accumulé par le berceau du Printemps arabe.
Quelle recette magique?
Faire ses emplettes en Tunisie, c’est économique et ça peut rapporter gros
La réflexion autour de Tunisie Shopping a été lancée, tenez-vous bien, à la Direction générale de la Douane, il y a de cela quelque années. Cela peut surprendre, des douaniers qui ont le sens marchand, bien éveillé, ça existe. Aux frontières, les douaniers voyaient les TRE (Tunisiens résidents à l’étranger) revenir au pays, lors des vacances d’été avec des voitures bondées de produits étrangers.
En jouant sur la franchise douanière qui était de mille dinars par personne, on peut s’imaginer que des quantités importantes de marchandises étaient ainsi importées. L’ennui est que ces marchandises allaient inonder les marchés forains de toutes les régions de Tunisie. En l’occurrence, l’effet négatif était doublement contrariant. Le commerce organisé était bien lésé. Mais également l’industrie locale. Cela fait beaucoup de chiffre en moins pour nos entreprises.
Alors, la Direction générale de la Douane a pensé appâter les TRE en instituant, en leur faveur, le système de remboursement de la TVA. On considérait que, avec la généralisation de la mise à niveau, et compte tenu de la course générale à la certification ISO et au vu de la large diffusion des programmes qualité dans le tissu industriel national, le produit tunisien était devenu tout à fait concurrentiel du produit européen. Ajouter à cela l’effet, attractif, du change car la cotation du dinar est maintenue favorable.
On pensait donc que l’engouement pour le produit local serait à la clé. De fil en aiguille, l’idée d‘étendre le bénéfice de la restitution de la TVA aux étrangers de passage qui feraient leurs emplettes en Tunisie a fini par être validée par la tutelle des Finances.
Le plus dur ayant été fait, le concept avait tout pour réussir. Sa débâcle, selon nous, viendrait de sa communication défaillante. Pourtant, l’idée reste encore viable.
Faire revenir le chaland
Les trois éditions de Tunisie Shopping ont été accompagnées de programmes «d’entraînement» qui ne manquaient pas de panache. Les programmes couvraient plusieurs régions de l’intérieur du pays. Les commerçants, soutenus par l’UTICA, ont joué le jeu. La mascotte du festival était assez évocatrice. Les procédures de restitution de la TVA ont été considérablement améliorées. L’on a très vite évolué d’un mode de remboursement, ex-post, à une exonération ex-ante, sur le lieu de l’achat. C’est un saut procédurier, remarquable.
Le tort était que les TRE autant que les touristes étaient informés avec un certain retard. Les premiers continuaient à débarquer avec des voitures surchargées. Ils n’ont pas eu le temps de prendre le réflexe d’acheter local. Ils persistaient à guetter les diverses démarques dans leurs pays d’accueil.
Les touristes, pour leur part, arrivaient avec des budgets modestes, la plupart du temps, ne pouvant donc faire que des achats limités. Pourtant, le système de remboursement a bien fonctionné et il n’y pas eu d’arnaque à la TVA.
Peut-on faire revenir le chaland? Oui, certainement. Les TRE renouent contact avec le pays, dès l’ouverture des réservations sur les car-ferries, qui débutent au mois de janvier de chaque année. Par conséquent, on peut les toucher à cette période pour les motiver.
En ce qui concerne les touristes, les salons professionnels et les premiers jets de campagne de pub peuvent bien servir à envoyer un clin d’œil pour leur permettre de constituer, très tôt dans l’année, un budget dédié. Et pour l’immédiat, une campagne avec les nombreuses compagnies de croisières peut être instantanément payante. L’originalité de «Tunisie Shopping» est que ce dernier est à large spectre.
Les festivals des pays du Golfe ciblent une gamme précise de produits chers, afin d’attirer une clientèle haut de gamme, compatible avec le standing qu’offrent leurs palaces. Notre hôtellerie étant variée, on peut jouer sur tous les segments. Par ailleurs, en Tunisie le dégrèvement fiscal est accordé à tous les produits, soit du prêt-à-porter que de tous les secteurs manufacturiers. Les visiteurs maghrébins constituent un gisement considérable. Tous les touristes algériens ou libyens seraient, on l’imagine, ravis de repartir avec des articles mode, des trousseaux de mariées, du Hi-fi, etc., qu’ils régleraient hors TVA.
On peut réactiver le festival, là, ici et maintenant. Le tourisme a besoin d’un troisième poumon. En voilà un, en réserve.