Cybercriminalité : la France est démunie, souligne un rapport du Sénat

photo_1342700016905-1-1.jpg
é Technologique de Troyes,sur la cybercriminalité (Photo : Francois Nascimbeni)

[19/07/2012 12:19:47] PARIS (AFP) La France reste démunie face à la multiplication à l’échelle planétaire des attaques contre les systèmes informatiques -la cybercriminalité-, un enjeu devenu stratégique pour la sécurité des Etats, selon un rapport sénatorial qui appelle François Hollande à se saisir du sujet.

Le géant du nucléaire Areva, le ministère de l’Economie et des Finances et même l’Elysée, pour la seule scène nationale: la liste des victimes s’allonge, comme le note ce rapport de près de 150 pages du sénateur Jean-Marie Bockel.

Intitulé “La cyberdéfense: un enjeu mondial, une priorité nationale”, ce document a été adopté mercredi à l’unanimité par les membres de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées du Sénat.

Constat numéro un: la menace n’a jamais été aussi forte. Après Bercy fin 2010 -au moment où la France s’apprêtait à prendre les commandes des G8 et G20-, la présidence a elle aussi fait l’objet d’une importante attaque informatique au cours des derniers mois, avant l’arrivée de François Hollande.

L’affaire n’a été révélée que le 11 juillet, l’Elysée assurant que “les services concernés ont géré” et qu’aucun autre “souci” n’a été noté depuis.

Mais, “on le vit tous, avec la place prise par l’informatique dans nos vies, la menace s’est amplifiée et j’ai assez vite compris qu’on était sur un vrai sujet”, plaide Jean-Marie Bockel qui, durant plusieurs mois, a visité une demi-douzaine de pays et consulté des dizaines de militaires et experts.

Or, la France reste mal armée.

“Il n’y a pas de parade absolue, on le sait. On ne peut pas empêcher les attaques, mais on peut améliorer la protection de nos systèmes”, souligne l’ex-ministre, relevant que le Sénat a lui-même été ciblé fin 2011, peu avant l’adoption de la loi visant à réprimer la contestation du génocide arménien.

“Impulsion”

photo_1342700122074-1-1.jpg
écialisés dans la cybercriminalité. (Photo : Francois Nascimbeni)

Depuis la remise d’un premier rapport sénatorial de Roger Romani en 2008, des progrès ont été réalisés, et la France s’est même dotée d’une stratégie et d’un organisme spécialisé, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi). Mais le compte n’y est pas, dit-il.

“La Grande-Bretagne et l’Allemagne sont à un niveau encore très au-dessus du nôtre”, juge l’ancien secrétaire d’Etat à la Défense. Les effectifs de l’Anssi sont ainsi de 230 agents, contre 500 au Royaume-Uni et 700 Outre-Rhin.

Si la France est jusque-là sortie relativement indemne, la preuve des dégâts que ces attaques peuvent engendrer a déjà été apportée sur la scène mondiale… où la Chine se montre très active, glisse au passage Jean-Marie Bockel.

En 2007, sur fond de querelle diplomatique avec Moscou, l’Estonie a subi une vague d’attaques, venues essentiellement de Russie, qui ont paralysé pendant des semaines nombre de services publics et activités économiques.

En 2010, le virus Stuxnet, dont l’origine américaine ne fait guère de doute, s’est abattu sur des installations nucléaires de l’Iran. Bilan: le programme nucléaire controversé de Téhéran aurait été retardé, “selon certaines sources”, “de six mois à deux ans”, note le rapport.

L’époque est-elle déjà aux “cyber-guerres”? M. Bockel répond par la négative. Mais “la cyber-attaque a déjà été un élément de conflits par ailleurs classique, en jouant un rôle de destabilisation de l’adversaire”, dit-t-il.

En conclusion, le sénateur du Haut-Rhin, qui livre au total “50 recommandations et 10 priorités”, en appelle à François Hollande.

“On est vraiment dans un message à porter au plus haut niveau, comme (Barack) Obama et (David) Cameron l’ont fait. Le sujet mérite “une expression spécifique forte du président”, “une impulsion”, fait-il valoir.