Les coupures d’électricité qui sont survenues, ces derniers jours, ont provoqué la fureur des Tunisiens, incombant la responsabilité sur la Société Tunisienne de l’Electricité et du Gaz (STEG). Mais celle-ci a une autre explication et indique que ces coupures sont dues à une augmentation spectaculaire de la consommation, dépassant le seuil maximal toléré.
Pour se justifier, la STEG a organisé une visite pour les journalistes, ce 19 juillet 2012, au centre de contrôle à distance à Rades. De l’extérieur, rien ne montre qu’il s’agit d’un établissement public. La raison est simple, selon ses responsables. Des soucis sécuritaires, c’est en effet un centre qui gère le contrôle et la distribution de l’électricité de tout le territoire national.
Équilibre sensible…
Dans la salle de contrôle, appelé dispatching national, on peut suivre, sur un grand écran, l’évolution de la production nationale ainsi que la distribution par région. Y est affiché aussi les échanges d’électricité avec l’Algérie et la Libye, qui sont effectués par le biais d’accords bilatéraux et régionaux. Six opérateurs de contrôle suivent le flux 24 heures sur 24.
La mission première de ce centre, et plus particulièrement de sa direction de production et de la distribution de l’électricité, est de maintenir en permanence l’équilibre entre la production et la consommation, tout en maintenant la fréquence de 50 Hertz. Une équation très sensible qui nécessite une attention et une gestion particulières. Le pic réalisé, le 11 juillet 2012, a atteint 3.330 MW contre 3.024 MW en juillet 2011. La consommation qui évolue en moyenne de 5% habituellement, a augmenté de 10,2%. Un tiers de cette consommation incombe à la climatisation.
Cette hausse vertigineuse a généré, une indisponibilité fortuite des moyens de production, associé à des pannes au niveau de trois stations à Thyna, Feriana et Sousse, selon Radhia Hanachi, directrice pilotage système électrique. Cette situation a contraint les opérateurs du centre de dispatching national de procéder à des coupures momentanées de l’électricité dans certaines zones du pays, afin d’arriver à maîtriser la charge de production.
Surcharge…
«On a délesté pour sauver le réseau. Il y a eu une surcharge de la consommation. Si nous n’avons pas effectué ces coupures, il y aurait eu un blackout total sur tout le territoire. Et ceci nous aurait pris jusqu’à cinq jours pour pallier à ce problème. Il s’agit bien d’une mauvaise adaptation de la consommation», affirme Tahar Abidi, opérateur de contrôle.
L’Algérie, qui aurait pu dans ce genre de circonstances, aider la Tunisie à surpasser cette période, était aussi en difficulté. Elle a délesté plus de 400 MW. De même pour la Libye qui a enregistré des pics de consommation.
De son côté, Mohamed Néjib Helal, directeur conseiller au centre de contrôle à distance, a souligné que l’électricité est un bien non stockable. Ce qui fait que les quantités produites sont égales aux quantités consommées. « On doit, à chaque instant, adapter la production à la consommation», ajoute-t-il.
Les responsables de la STEG affirment que la solution ne se résume pas dans la création de nouvelles stations, mais dans la sensibilisation des citoyens quant à la nécessité de rationaliser sa consommation d’électricité. Mais malgré cela, la société a des programmes d’investissement visant à renforcer la capacité de production. Selon Ridha Damak, directeur de la production et de la distribution de l’électricité, trois nouvelles stations seront créées d’ici 2016, dont deux à Sousse et une au nord du pays (la zone n’a pas encore été identifiée).