Ce n’est pour le moment qu’une rumeur. Nourrie du reste par les déclarations du ministère français des Affaires étrangères quant à «l’évaluation de l’investissement» de l’usine de montagne du constructeur automobile français Renault.
Cependant, cette rumeur enfle dans les milieux industriels d’Algérie. La possibilité de voir la direction de Renault de reconsidérer le projet de fabrication de voitures en Algérie est dans les esprits après que le groupe français PSA Peugeot Citroën a annoncé sa décision, jeudi 12 juillet 2012, de supprimer 8.000 emplois d’ici 2014.
La rumeur se développe notamment depuis que le ministre français des Affaires étrangère français a paru évasif, lors de sa visite à Alger (15-16 juillet 2012) et posé, somme toute une condition, pour que les voitures fabriquées en Algérie par Renault ne soient pas exportées en France, mais soient vendues sur le sol algérien. Affirmant que le gouvernement français, actionnaire du reste de Renault, va «évaluer l’investissement».
Laurent Fabius a été du reste très clair: si ce projet pouvait constituer “une menace pour la France, le gouvernement dirait non”. Or, il y aurait menace dans la mesure où une partie des voitures est destinée à l’exportation, du moins dans le projet de départ.
Le 3ème marché pour les Véhicules Utilitaires
Reste à savoir si Renault est prêt à vivre un conflit avec Alger où il occupe une place de choix: En Algérie, les ventes ont augmenté, au premier semestre de 2012, de 50,5% et la pénétration s’établit à 28,1% (+0,8 point). L’Algérie devient le 6ème marché du Groupe (il occupait le 13ème rang fin 2011), et le 3ème marché pour les Véhicules Utilitaires. L’Algérie a importé 70.000 véhicules Renault en 2011.
Pour l’heure, les Algériens ne sont pas là. La presse algérienne a fait état, fin juin 2012, de la décision du constructeur français de choisir la ville d’Oran, dans l’Ouest algérien: l’Algérie avait proposé Oran ou Mostaganem (située également dans l’Ouest algérien).
Onc difficile de voir plus clair dans cette affaire, mais du côté algérien on estime que le contrat relatif à l’implantation de cette usine pourra être conclu au cours de la visite du président français, François Hollande, prévue pour la fin de l’année 2012. Certains pensent que le projet ne sera pas sacrifié notamment lorsqu’on sait que les socialistes français sont largement décidés à rétablir les ponts avec Alger: la France n’a que trop souffert d’un refroidissement des relations avec le voisin du sud sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Rappelons que les 1er et 2 février 2012, l’ancien Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, s’était rendu à Alger, en tant qu’émissaire du président Nicolas Sarkozy. Et qu’au menu des discussions de Raffarin, notamment avec Mohamed Benmeradi, ministre algérien de l’Industrie, l’implantation d’une usine Renault prévue initialement dans la zone franche de Bellara, à l’Est d’Alger.
Cette usine (en fait une unité de montage) devait produire 125.000 véhicules par an (on évoque pour le moment seulement 25.000 véhicules), dont la moitié est destinée à l’exportation. Dans cette affaire, Renault France devait ouvrir son portefeuille pour avancer la somme nécessaire lui permettant d’être le principal actionnaire (49%). Les autres actionnaires sont le Fonds National –algérien- d’Investissement (FNI) avec 35% et la Société Nationale des Véhicules Industriels (SNVI) avec 16%. (Voir, à ce propos, Webmanagercenter : Industries automobiles: La Tunisie est-elle condamnée à être à la traîne?)