L’Espagne et la Grèce affolent à nouveau les marchés

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à Madrid, le 20 juillet 2012 (Photo : Pierre-Philippe Marcou)

[23/07/2012 15:27:43] PARIS (AFP) Les bourses européennes ont à nouveau décroché lundi, entraînant l’euro dans leur chute, sur fond d’envolée des taux d’emprunt espagnols, après de nouvelles inquiétudes pour l’économie espagnole et autour du soutien européen à la Grèce.

La chute a été si forte sur les bourses européennes que deux d’entre elles, particulièrement touchées, ont interdit les ventes à découvert de certains titres. Milan a limité cette mesure aux valeurs financières (banques, assurances) mais Madrid l’a étendu à toutes les actions.

Les ventes à découvert sont un mécanisme spéculatif qui consiste à emprunter un actif dont on pense que le prix va baisser et à le vendre, avec l’espoir d’empocher une forte différence au moment où il faudra le racheter pour le rendre au prêteur.

Cette mesure a permis de calmer un peu la situation à Madrid où la bourse avait chuté de plus de 5% en cours de séance. Vers 16H30 (14H30 GMT), la bourse madrilène limitait ses pertes à -1,37%. Idem à Milan où après une chute de 5%, la bourse cédait 2,37% à la même heure. Paris chutait de 3,03%, Francfort de 3,40% et Londres de 2,32%. Athènes dégringolait de plus de 7,01%. Wall Street a ouvert de son côté en nette baisse, le Dow Jones perdant 0,93% et la Nasdaq 2,13%.

La situation de l’Espagne est au coeur des préoccupations des investisseurs qui craignent que la quatrième économie de la zone euro soit dans l’obligation de demander une aide financière globale et non plus seulement pour ses banques.

“A peine bouclé le plan de sauvetage des banques espagnoles, on est maintenant confronté aux problèmes des régions espagnoles avec Valence qui a demandé un soutien financier et d’autres régions risquent de suivre (…) Cela n’en finit pas et le marché est totalement accablé”, a expliqué Yves Marçais, vendeur d’actions chez Global Equities.

Les taux d’intérêts à 10 ans de Madrid ont atteint dans la matinée 7,5% (contre 7,226% vendredi en clôture), signant un nouveau plus haut depuis la création de la zone euro en 1999.

Ces taux sont jugés insoutenables sur la durée pour l’Espagne.

Les opérateurs se demandent si le pays ne sera pas contraint de demander une aide globale et pas seulement pour ses banques, même si le ministre espagnol de l’Economie, Luis de Guindos, a de nouveau écarté lundi un plan de sauvetage global du pays.

De surcroît la Banque d’Espagne a annoncé lundi une aggravation du recul du Produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre (-0,4%), après -0,3% que premier trimestre, éloignant la perspective d’une sortie du pays de la récession.

Les marchés s’interrogent aussi sur le soutien des Européens à la Grèce, à la suite notamment d’informations publiées dimanche dans la presse allemande. Le porte-parole du gouvernement allemand ne s’est guère montré rassurant lundi, évoquant le scepticisme de Berlin quant aux chances de voir la Grèce sortir enfin de l’ornière où elle ne cesse de s’enfoncer depuis près de trois ans. Le ministre allemand de l’Economie Philipp Roesler avait suggéré la veille qu’une sortie d’Athènes de la zone euro avait “perdu de son horreur”.

Le gouvernement grec rencontre cette semaine une délégation des trois institutions créancières du pays, Union Européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international (FMI) pour discuter des réformes nécessaires au maintien de leur aide.

Dans ce contexte, l’euro accélérait sa chute lundi, glissant à des niveaux plus vus depuis deux ans face au dollar et depuis 11 ans face au yen, ébranlé par les inquiétudes sur l’Espagne, mais également sur la Grèce.

Vers 14H30 GMT (16H30 à Paris), l’euro valait 1,2101 dollar contre 1,2152 dollar vendredi vers 22H00 GMT, après être descendu jusqu’à 1,2067 dollar vers 12H45 GMT lundi, son plus faible niveau depuis le 10 juin 2010.

Selon les analystes, le seul espoir à court terme réside dans une intervention de la Banque centrale européenne (BCE). Cela “reste une possibilité dans les semaines à venir si la situation se détériore encore”, estiment les stratégistes chez BNP Paribas.