A peine installé, le nouvel ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique à Tunis, Jacob Walles, s’est mis tout de suite au goût des islamistes tunisiens et a saisi l’avènement du mois saint de Ramadan pour les gratifier d’un message louant l’Islam et ses vertus, un message qui n’a rien à envier aux prêches dans nos mosquées. Décryptage d’un message-prédication.
D’abord, pour éperonner l’égo des musulmans et dérivés (nahdhaouis, salafistes…), l’ambassadeur américain leur a raconté une petite histoire, véridique: «Ramadan, écrit-il dans son message, a figuré dans la relation historique entre nos deux pays. En 1805, Thomas Jefferson, notre troisième président, a accueilli le premier envoyé diplomatique de la Tunisie, Sidi Soliman Mellimelli, aux États-Unis, en l’invitant à un dîner dans la Maison Blanche. Parce que c’était le Ramadan à l’époque, Jefferson a changé sa période de repas de l’heure habituelle de 3:30 dans l’après-midi au moment du “coucher du soleil” exactement par respect à l’obligation de l’envoyer tunisien de jeûner. Ceci représente le premier iftar accueilli à la Maison Blanche».
Toujours sur sa trajectoire visant à courtiser les Tunisiens musulmans, le diplomate américain, ajoute que «ces jours-ci, des présidents américains, des secrétaires d’Etat, des dirigeants communautaires et des ambassadeurs des États-Unis présentent régulièrement des salutations et organisent des réceptions d’iftars à l’occasion du Ramadan».
A ce propos, Jacob Walles a tenu à rappeler qu’il ne faillira pas à son tour, cette année, à la tradition de l’ambassade des Etats-Unis à Tunis d’organiser des Iftars afin d’«être une écoute attentive des préoccupations des Tunisiens».
Spécialiste du conflit israélo-palestinien, pendant de longues années, M. Walles, qui a préféré se présenter, au début de ce message sous le prénom Jake Walles, n’invente rien en fait avec cette offensive de charme. Il ne fait qu’appliquer les consignes du Département d’Etat qui a décidé d’encourager, depuis les révélations controversées du site Wikileaks sur les abus du dictateur déchu et de son entourage, et au moins pour une dizaine d’années encore selon la CIA, «les islamistes» à accéder au pouvoir et à l’exercer.
Pour justifier cet appui aux relents hautement stratégiques, Jacob ou Jake Walles les présente, en filigrane, dans son message comme des victimes des dictatures qui s’étaient succédé dans le monde musulman et arabe.
Selon lui, ils n’auraient été libres qu’aux Etats-Unis: «Les musulmans en Amérique, note-il, pratiquent leur croyance en toute sécurité, interagissent ouvertement avec les Américains d’autres religions et participent pleinement à la vie de notre pays».
Par ricochet, les nahdhaouis et dérivés, qui n’ont contribué guère à la révolution tunisienne, ont bénéficié, gratis, de ce soutien américain et sont devenus, à la faveur de cette nouvelle orientation stratégique, les nouveaux chouchous des officiels américains.
«Les Etats-Unis soutiennent le peuple tunisien dans ce processus de transition démocratique, et je tiens à exprimer mon engagement personnel et celui de tous les membres de la mission américaine de développer ce soutien», écrit l’ambassadeur des Etats-Unis qui, du moins me semble-t-il, confond, ici, nahdhaouis et peuple tunisien.
C’est peut-être dans cet esprit que les Américains ont décidé de venir en aide au gouvernement nahdhaoui de Hamadi Jebali en lui fournissant leur garantie pour bénéficier des vertus de son rating triple AAA et lever sur les marchés financiers internationaux un précieux emprunt obligataire de 485 millions de dollars, alors qu’il était lourdement sanctionné pour mauvais rendement par l’Agence de notation américaine Standards and Poor’s qui a baissé, rappelons-le, il y a quelques semaines de deux crans la note de la dette à long terme de la Tunisie à “BB”, reléguant ainsi le pays dans la catégorie des “emprunteurs spéculatifs“.
Notre commentaire
Premièrement, empressons-nous de signaler qu’on serait tenté de penser, à la lecture de ce message dont une copie a atterri sur mon e-mail, que les musulmans ne sont libres qu’aux Etats-Unis. Nous rappelons à Son Excellence que la Tunisie est un pays musulman, depuis 14 siècles, que les Tunisiens, dans leur écrasante majorité, sont musulmans et ont toujours vécu en paix entre eux, et que l’appartenance à l’Islam n’a jamais été remise en question par un quelconque tunisien, fussent-ils les deux derniers dictateurs (Bourguiba et Ben Ali).
Nous lui rappelons également que ce sont, bien au contraire, les islamistes (leurs partenaires nahdhaouis et leur bras armé les salafistes jihadistes) qui, à peine au pouvoir (moins de 7 mois), avec l’appui financier criard de l’Etat de Qatar, qui ont décidé de terroriser la population, au nom d’une appropriation erronée de l’Islam lequel appartient à tout le monde, et de diviser les Tunisiens en bons musulmans et en mauvais musulmans.
Leur objectif est clair. Ils veulent réinstaurer un projet de société momifiée fondée sur la réédification de la Califat et l’application de la Chariaâ, avec comme corollaire la suppression de tous les acquis accomplis sur la voie du progrès par d’honnêtes contribuables.
C’est pour dire que les musulmans américains qui pratiquent leur foi dans la sérénité n’ont rien à voir avec les islamistes tunisiens (Nahdhaouis et complices), viscéralement discriminatoires et non démocrates.
Si les premiers, par l’effet d’un rapport de force en leur défaveur, acceptent la continuité de l’Etat américain, respectent les autres et tolèrent que la vie fonctionne normalement au mois de Ramadan (bars, restaurants, vente de produits non halal…), les seconds sont fanatiques. Dès leur accès au pouvoir, ils ont, à la faveur d’«un putsch institutionnel» (nomination de nahdhaoui à la tête de tous les rouages de l’Etat), verrouillé le pays et utilisé l’administration et la police pour fermer, non pas les bars et restaurants lesquels par respect pour ceux qui jeûnent ont, toujours, fermé leurs portes en cette période sainte, mais de simples gargotes et des cafétérias fréquentés généralement par des hommes libres, qu’ils soient étrangers, tunisiens, malades ou de passage.
Et c’est là toute la différence, Son Excellence !