énart, le 14 avril 2010 (Photo : Olivier Laban-Mattei) |
[24/07/2012 11:00:37] PARIS (AFP) Fermer un site sans licencier? PSA s’y était engagé en 2010 en annonçant la fermeture du site de logistique de Melun-Sénart, en Seine-et-Marne (est de Paris): au final, le constructeur a réussi à éviter un plan social, mais en se donnant du temps.
“On ne peut pas se satisfaire de quitter un site” mais “le dialogue social s’est plutôt bien passé”, affirme Vincent Bailly, délégué CFTC, qui était le premier syndicat du site de Melun-Sénart, sur la commune de Moissy-Cramayel. “On a eu deux ans pour trouver une solution aux salariés”, souligne le syndicaliste.
Pour la direction de PSA, qui a souhaité regrouper sa logistique de pièces détachées à Vesoul (Haute-Saône), “la cessation d’activité s’est passée de manière responsable”.
Entre juin 2010 et juin 2011, quatre forums de mobilité interne ont été organisés avec des responsables de plusieurs sites de PSA. Des salariés ont parfois pu bénéficier d’une visite in situ.
Trois forums avec de grandes entreprises ont été mis sur pied et 245 offres d’emploi externes proposées.
Bilan: sur les 398 personnes travaillant à Melun-Sénart il y a deux ans, 216 sont parties sur un autre site du groupe, majoritairement en région parisienne.
Une dizaine est partie à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis, nord de Paris), où l’arrêt de la production d’ici à 2014 a récemment été annoncé.
Ceux qui ne voulaient pas déménager et ont préféré quitter le groupe, ne pouvaient partir -et toucher les primes de départ- qu’avec une promesse d’embauche ou un projet de création d’activité.
Au total, 182 salariés ont quitté PSA.
Malgré une série d’aides (prime de mobilité versée sur 4 ans, prime d’installation équivalente à au moins trois mois de salaire, déménagement et frais d’agence payés), “le principal frein à la mobilité a été le travail du conjoint”, raconte Vincent Bailly.
Urgence pour Aulnay et Rennes?
Sur les 182 départs, 149 ont trouvé un emploi ailleurs, 22 avaient un projet de création d’activité, 10 ont opté pour un congé long de formation et un pour un départ en retraite.
Patrick Patault, ex-délégué CGT de Melun-Sénart, estime qu’une majorité de ces personnes n’avait pas un projet professionnel solide. “Une vague offre d’intérim ou de CDD suffisait” à valider le départ et “pour empocher la prime de huit mois de salaire brut en plus du minimum de la convention métallurgie”, souligne-t-il.
“Beaucoup se sont laissés tenter, mais pour se retrouver à Pôle emploi”, estime le délégué CGT.
A l’automne 2011, il restait encore une cinquantaine de salariés sans solution, si bien que PSA a envisagé de recourir à un plan social avec licenciements.
Cette option a finalement été écartée et le dispositif d’incitation au départ prolongé, au-delà de la cessation d’activité sur le site fin janvier.
Les derniers cas ont été réglés juste avant l’arrêt du dispositif en mars 2012.
Pour Aulnay, PSA a ouvert une période de volontariat jusqu’en octobre 2013 et pour Rennes, jusqu’en juin 2013.
L’ampleur des reclassements à réaliser est tout autre: Aulnay compte 3.000 salariés et à Rennes 1.400 postes doivent disparaître.
“On se pose la question: l’urgence est-elle réelle?”, s’interroge Vincent Bailly. “On a le sentiment que la direction ne dit plus la vérité. Dire +pas de licenciement+, c’est faux: que se passera-t-il pour ceux qui resteront après la période de volontariat?”, demande-t-il.
Sur le papier, PSA a un schéma bien ficelé: 1.500 salariés d’Aulnay recasés à Poissy (Yvelines) et 1.500 postes créés à Aulnay via des efforts de réindustrialisation.
Patrick Patault pense que la direction aura la même méthode qu’à Melun-Sénart pour ne pas licencier: “tout simplement en proposant plus d’argent via un départ volontaire”.