Bourse : l’été, période rêvée pour les spéculateurs

photo_1343136314492-1-1.jpg
à Paris (Photo : Miguel Medina)

[24/07/2012 16:25:41] PARIS (AFP) A l’approche de la période creuse de l’été, les esprits sur les marchés boursiers s’échauffent, les spéculateurs aussi, en l’absence des acteurs classiques qui font office de contre-poids à des mouvements trop violents, ce qui explique aussi la volatilité actuelle.

Les étés sont souvent l’objet d’importantes variations boursières, à l’image de l’an dernier (-18% de baisse de l’indice CAC 40 à Paris en juillet et août), de celui de 2007 (baisse de 15% jusqu’à mi août) ou encore des étés plus anciens comme 1998 (crise de la dette russe), 1997 (crise asiatique), 1982 (crise de la dette de l’Amérique latine).

L’été 2012 semble ne pas échapper à cette règle, comme en témoigne le coup de chaud sur les places financières mondiales ces deux derniers jours, qui laisse présager un mois d’août fébrile.

D’autant que les facteurs de stress sont tangibles: aggravation de la situation financière de l’Espagne, risque possible de contagion à l’Italie, doutes sur la capacité de la Grèce à rester dans la zone euro et des signes de plus en plus inquiétants de ralentissement économique mondial.

“Tous ces éléments sont susceptibles de prêter le flanc à la spéculation, d’autant que le marché est fragile”, fait remarquer Bertrand Lamielle, gestionnaire de portefeuilles chez B*Capital, ajoutant que “l’Italie et l’Espagne sont d’ores et déjà dans leur viseur”.

“Depuis quelques jours, les fonds spéculatifs se sont réveillés et sont intervenus massivement contre l’Espagne, faisant remonter les taux à long terme”, ajoute Franklin Pichard, gérant de portefeuilles chez Barclays Bourse.

“La période estivale et notamment le creux de l’été –les quinze premiers jours d’août–, est de plus en plus considérée comme une zone dangereuse”, constate Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel.

Avant ces 5 dernières années, cette période donnait plutôt lieu à un redressement. Mais depuis la crise américaine des subprimes, l’été se révèle bien souvent négatif.

Fonds spéculatifs

Que ce soit à la hausse ou à la baisse, plusieurs raisons expliquent les variations de l’été: les résultats trimestriels et les indicateurs macro-économiques sont moins nombreux laissant libre cours aux interprétations et aux rumeurs, les volumes d’échanges sont moins fournis avec le départ des investisseurs traditionnels permettant aux mouvements spéculatifs d’être plus efficaces, et les grands rendez-vous macro-économiques s’espacent.

“Les opérateurs se sentent de manière générale plus libres et c’est une période bénie pour les hedge-funds”, fait remarquer M. Pichard.

Car c’est surtout l’arrivée des fonds spéculatifs qui est montrée du doigt et considérée comme la principale explication aux violentes variations de l’été.

Ces fameux hedge-funds, principalement anglo-saxons et qui gèrent quelque 2.100 milliards de dollars, sont beaucoup plus actifs en été quand les investisseurs traditionnels et classiques (gérants de portefeuilles, fonds de pension…) sont absents et ne prennent pas de contre-positions.

“Ils peuvent ainsi réaliser facilement des opérations à forte valeur ajoutée, et sans aucun état d’âme, d’autant plus que ce sont des logiciels hyper-sophistiqués et sans intervention humaine qui traitent les ordres de Bourse à la nano-seconde”, ajoute M. Pichard.

Pour contrer cette spéculation, les Bourses ont quelques outils à leur disposition comme l’interdiction des ventes à découvert. Lundi elles ont limité ces opérations en Italie et les ont interdites en Espagne. Les ventes à découvert sont un mécanisme spéculatif qui consiste à vendre à terme un actif dont on pense que le prix va baisser, avec l’espoir d’empocher une forte différence au moment où il faudra le racheter pour le rendre au prêteur.

Cette pratique, légale mais risquée, est souvent accusée de précipiter la chute des actions les plus fragiles, et d’aggraver l’instabilité des places financières.