é de PSA en grève, devant le siège du groupe à Paris le 25 juillet 2012 (Photo : Joel Saget) |
[25/07/2012 07:56:19] PARIS (AFP) PSA Peugeot Citroën a dévoilé mercredi l’ampleur de ses difficultés financières, mises en doute par le gouvernement, avec une lourde perte au premier semestre liée à la morosité des marchés en Europe qui le conduit à tailler dans ses effectifs et ses investissements.
Le premier constructeur automobile français a essuyé une perte nette 819 millions d’euros, plus lourde que celle anticipée par les analystes, contre un bénéfice net de 806 millions au premier semestre 2011.
Cela n’a pas empêché l’action de progresser à la Bourse de Paris, le titre, éreinté ces dernières semaines, progressait de 4,26% à 6,51 euros dans un marché stable (+0,02%).
La perte s’explique par la contre-performance de sa branche automobile, son coeur de métier, à quoi s’ajoute le coût de l’arrêt de ses activités en Iran et d’autres dépréciations.
Le résultat opérationnel courant ressort tout juste à l’équilibre (4 millions d’euros, contre 1,16 milliard un an plus tôt) à cause d’une perte opérationnelle courante de la division auto de 662 millions.
Ses autres activités (équipementier Faurecia, logistique avec Gefco et Banque PSA Finance) sont restées dans le vert.
Un nouveau plan d’ici 2015
Le chiffre d’affaires total a reculé de 5,1% à 29,6 milliards d’euros.
“Nous avons besoin de rétablir notre rentabilité automobile”, a indiqué le président du directoire Philippe Varin lors d’une conférence d’analystes.
C’est cette nécessité qui a conduit le groupe à présenter le 12 juillet un plan de réorganisation en France qui a fait l’effet d’une bombe.
La suppression prévue de 8.000 postes dans l’Hexagone, l’arrêt de la production à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et la baisse de la production à Rennes (Ille-et-Vilaine) font l’objet d’un nouveau comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire prévu à 09H00 à Paris.
“Ce n’est pas aux salariés du groupe de payer la note”, a réagi Jean-Pierre Mercier, délégué CGT chez PSA Peugeot Citroën.
PSA avait averti qu’il brûle actuellement 200 millions d’euros de liquidités par mois. En 2013, ce rythme devrait être divisé par deux.
Pour autant, le groupe estime que, face à la baisse des marchés européens, son principal débouché, son plan d’économies et de cessions d’actifs en cours ne suffit plus. “Nous sommes à mi-chemin de ce plan, à 503 millions d’euros”, a précisé le directeur financier Jean-Baptiste de Chatillon lors d’un point téléphonique.
Réductions de postes pour 600 millions
“Nous poursuivons notre programme de cession d’actifs au deuxième semestre” avec la réduction de la part détenue dans Gefco et de nouvelles ventes dans l’immobilier, après la cession du siège parisien de l’avenue de la Grande Armée en crédit-bail.
PSA a dévoilé mercredi un nouveau plan à l’horizon 2015 qui doit permettre “de dégager un flux de trésorerie opérationnel à l’équilibre à fin 2014”. C’est à dire que le groupe compte ne plus subir de saignée financière à cette date.
Outre les réductions de postes en France, dont l’impact est estimé à 600 millions, PSA va réduire ses investissements (Capex) de 550 millions d’euros.
“Nous étions à un pic d’investissements en 2011-2012” et il était prévu qu’ils diminuent, a justifié M. de Chatillon.
350 millions supplémentaires viendront d’une “optimisation des coûts de production” grâce à l’alliance conclue cette année avec General Motors au début de l’année.
“Nous comptons sur notre plan 2015 pour poursuivre notre stratégie” d’internationalisation et de montée en gamme de ses modèles, a poursuivi M. de Chatillon. PSA vend 39% de ses véhicules hors d’Europe, quand son concurrent national Renault en réalise 47% hors du continent.
PSA a vendu plus en Chine, en Russie mais a souffert en Amérique latine au premier semestre.
Le constructeur a réduit sa dette nette à fin juin à 2,4 milliards d’euros, contre 3,4 milliards un an plus tôt. Il compte la maintenir à ce niveau d’ici la fin de l’année. Le constructeur dispose aussi d’une “sécurité financière supérieure à 12 milliards d’euros”, qui “nous permet d’aborder cette crise avec confiance”, a assuré le directeur financier.