L’Espagne affronte la défiance des marchés et cherche du soutien en Europe

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éen à Bruxelles le 19 juillet 2012 (Photo : Georges Gobet)

[25/07/2012 10:09:53] PARIS (AFP) L’Espagne en butte à la défiance des marchés cherche désespérément un soutien du côté de ses partenaires et multiplie les rencontres de Berlin à Paris où le ministre espagnol des Finances Luis De Guindos est attendu mercredi par son homologue français Pierre Moscovici.

Les deux hommes devaient se rencontrer en fin de matinée dans la capitale française, au lendemain d’un entretien à Berlin entre le ministre espagnol et son homologue allemand Wolfgang Schäuble.

Les deux ministres ont cherché à rassurer mardi soir, au terme d’une nouvelle journée synonyme de descente aux enfers pour l’Espagne, confrontée à la défiance des investisseurs.

“Les taux d’emprunt actuels (imposés à l’Espagne) sur le marché ne représentent ni ses fondamentaux économiques, ni son potentiel de croissance, ni sa capacité à rembourser ses dettes publiques”, ont affirmé MM. Schäuble et De Guindos dans un communiqué commun.

Las, mercredi matin les taux des emprunts espagnols à dix ans ans atteignaient de nouveaux records à la hausse, à 7,688%, avant de redescendre ensuite quelque peu.

Ces taux sur le marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise, ne sont pas nécessairement ceux que l’Espagne devra acquitter lors de ses prochaines émissions obligataires. Mais ils sont aujourd’hui le principal baromètre de la crise en Espagne où le gouvernement ne parvient pas convaincre les marchés de sa capacité à faire face à la dégradation de ses finances publiques.

L’aveu de ses difficultés par la Catalogne, région du nord-est du pays où se crée un quart de la richesse totale de l’Espagne, survient après l’appel à l’aide lancé par la région de Valence, une des plus touchées par la gabegie budgétaire.

En dépit des démentis répétés des responsables espagnols, l’hypothèse d’un sauvetage global du pays, au-delà de l’aide accordée récemment aux seules banques espagnoles, prend chaque jour davantage d’ampleur.

Le quotidien économique espagnol El Economista évoquait mercredi un plan d’aide de 300 milliards d’euros, qui permettrait à l’Espagne de financer ses déficits au moins pendant un an et demi.

L’Espagne a prévu cette année d’emprunter quelque 86 milliards d’euros, il lui reste encore 27 milliards à trouver avant décembre pour boucler ses échéances. Avec des taux dépassant désormais largement les 7,5%, elle devra payer le prix fort ou se résoudre à demander l’aide des Européens.

La prochaine émission obligataire pour des emprunts à dix ans aura lieu fin septembre. D’ici là, Madrid espère enrayer la fièvre des marchés, avec l’aide de ses partenaires.

La rencontre entre MM. Moscovici et De Guindos devrait aussi permettre d’apaiser les tiraillement entre l’Espagne et la France au lendemain d’un cafouillage diplomatique, autour d’une “prétendue” déclaration commune franco-italo-espagnole. Celle-ci appelait à une application “immédiate” des accords européens visant à protéger la zone euro, mais elle a été sèchement démentie par la France et l’Italie.

Ce nouveau coup de fièvre estivale des marchés autour de l’Espagne intervient aussi sur fond d’inquiétudes grandissantes quant à l’avenir européen de la Grèce.

“Certains responsables étrangers disent que la Grèce ne va pas atteindre ses objectifs, ils sapent l’effort national, alors que nous faisons tout ce qu’on peut pour que le pays reste debout”, a ainsi déclaré mardi le Premier ministre grec Antonis Samaras.

“Ils sont irresponsables et en tous cas ils ne vont pas y arriver”, a-t-il souligné, en réitérant que le gouvernement oeuvre pour “maintenir le pays dans la zone euro”.

M. Samaras répondait ainsi aux attaques venues d’Allemagne surtout, notamment les propos du vice-chancelier et ministre de l’Economie Philip Rösler qui a réitéré ses doutes dimanche concernant la capacité d’Athènes à rester dans l’euro. Le scénario d’une “sortie de la Grèce de la zone euro a perdu de son horreur il y a longtemps”, a ainsi affirmé M. Rösler.

Le ministre grec des Finances Yannis Stournaras doit rencontrer jeudi les chefs de file de la délégation de la troïka des créanciers du pays, UE-BCE-FMI, présents à Athènes pour préparer leur rapport sur la situation du pays. Ce rapport très attendu doit servir aux responsables de la zone euro à se prononcer sur la poursuite du plan d’aide à la Grèce.

M. Samaras rencontrera de son côté le président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso.