Relancer l’activité touristique est nécessaire mais pas suffisant. Maintenant que la machine de l’industrie touristique commence à se remettre en marche, le ministre du Tourisme aborde la partie la plus difficile de sa mission: remettre à plat l’organisation, le fonctionnement, les méthodes, le positionnement, bref révolutionner ce secteur employant aujourd’hui près de 400.000 personnes pour lui donner les moyens d’atteindre les objectifs fort ambitieux fixés à moyen et long termes.
«Remettre la Tunisie parmi les destinations les plus importantes en Méditerranée». C’est l’ambition et la mission d’Elyès Fakhfakh qui a fixé trois objectifs à atteindre en autant d’étapes: 7 millions de touristes et 3,8 milliards de dinars de recettes en 2013, 10 millions et 6,5 milliards en 2016 et 14 millions et 15 milliards en 2020.
Pour atteindre ces objectifs, une feuille de route a été élaborée prévoyant des mesures conjoncturelles –dont quelques unes (augmentation du budget promotionnel, développement de la collaboration avec les tours opérateurs et les transporteurs aériens, etc.) ont déjà été mises en œuvre-, d’autres à «acquis rapides» et, enfin, des «mesures structurelles».
«Le ministère a procédé à l’actualisation des études stratégiques, revu les priorités et modifié la stratégie», explique M. Fakhfakh. La nouvelle mouture de la stratégie du secteur touristique a été validée le 15 juillet par le conseil des ministres. Elle s’articule autour de 6 axes: diversification de l’offre/innovation et qualité, promotion et commercialisation, cadre institutionnel, révision de la structure du financement du secteur, renforcement du positionnement sur Internet, et amélioration des services de transport aérien.
La diversification passera par la mise en place de dix produits déjà identifiés et pour lesquels il y aura autant de stratégies. Pour se donner les moyens d’améliorer la qualité du service, les pouvoirs publics ont choisi l’approche espagnole parmi les cinq ayant fait l’objet d’une étude comparative.
La politique promotionnelle passera par la construction d’une nouvelle image en profitant de la notoriété acquise par la Tunisie grâce à la révolution «pour rompre avec l’image d’une destination de tourisme balnéaire». Cela sera fait également en adoptant une politique d’organisation de grandes manifestations.
Vaste chantier qui implique une multitude d’autres actions dont une, en particulier, conditionne très largement la réussite des autres: le financement du secteur, avec ses deux volets: l’endettement et l’encouragement de l’investissement «mais pas seulement dans l’hôtellerie», insiste le ministre du Tourisme.
Véritable casse-tête, la question de l’endettement est sur la table depuis plusieurs années mais sans avoir jamais reçu ne serait-ce que l’ébauche d’une solution. Faute de quoi, le tourisme tunisien reste –et restera tant que ce problème n’aura pas été réglé- amputé d’une bonne partie de ses moyens, puisque ce sont près de 230 unités hôtelières –dont plus de 60 dans une situation désespérée- qui traînent des ardoises d’une lourdeur variable et qui, de ce fait, «ne sont pas en mesure d’investir le moindre millime pour améliorer leurs prestations», constate le ministre du Tourisme. Qui sont donc condamnées, faute de recapitalisation et, parfois, de changement de l’actionnariat et du management, à rester des canards boiteux. Ce que M. Fakhfakh n’est pas du tout prêt à accepter. Qui s’apprête d’ailleurs à annoncer dans les prochains jours un train de mesures pour régler le problème de la dette qui pourrait bien avoir l’allure d’un véritable remède de cheval.