Manuel Valls à Rabat pour parler émigration et sécurité

 

manuel-valls-260712.JPGRabat entend opérer des changements au niveau des relations entre le Royaume chérifien et l’Union européenne en matière d’émigration. La visite du ministre de l’Intérieur français au Maroc est une occasion de la faire savoir.

La question migratoire sera au centre de la visite de deux jours qu’effectue le ministre français de l’Intérieur, Manuel Valls, au royaume chérifien (mercredi 25 et jeudi 26 juillet 2012). Cette visite intervient la veille d’une déclaration importante faite par le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, Saad Eddine Othmani, à la Chambre des Conseillers, la deuxième chambre marocaine.

L’agence officielle Maghreb Arabe Presse rapporte en effet dans une dépêche datée du 24 juillet que le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération du gouvernement dirigé par le PJD (Parti de la Justice et du Développement), parti islamiste, a déclaré que le Maroc «refuse de jouer le rôle de gendarme de l’Europe en matière de circulation des personnes».

La même dépêche rapporte que ce dernier a déclaré que le Maroc a décidé de ne pas signer avec l’Union européenne l’accord relatif à la circulation des personnes lequel comporte des dispositions que le Maroc juge inappropriées.

Non à la seule approche sécuritaire

Il a, enfin, fait état d’«entraves» concernant l’octroi de visas aux ressortissants marocains souhaitant se rendre en Europe.

L’émigration constitue un enjeu important dans les relations entre le Maroc et l’Union européenne: près de 1,8 million de Marocains vivent en Europe (majoritairement en France près de 820.000) et les côtes marocaines sont un lieu de passage fréquent pour les personnes souhaitant émigrer clandestinement en Europe (14 kilomètres séparent les côtes marocaines et espagnoles).

Le Maroc reproche à l’Union européenne (le même reproche est fait par ses autres voisins du Sud comme la Tunisie) de privilégier l’approche sécuritaire et d’être obsédé par «le risque migratoire». Oubliant de s’intéresser notamment à des questions capables de mieux gérer la question qui ennuie du reste le Maroc à partir duquel nombre de ressortissants notamment subsahariens tentent de passer quotidiennement pour aller rejoindre l’Europe.

Il s’agit notamment de développer une coopération solidaire favorisant le lancement de projets économiques conjoints et un cadre contractuel pour une émigration réglementaire: l’émigration est devenue une nécessité pour l’Europe.

Cette question sera au menu des discussions que le ministre de l’Intérieur français aura, à l’occasion de cette visite, avec notamment son homologue marocain, Mohand Laenser, et le ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, Cherki Drais.

Autre question au menu: la situation au Mali, qui intéresse fortement la France, mais aussi le royaume chérifien. Les régions du sud marocain, qui font l’objet d’un intérêt particulier de la part du Roi notamment en matière de développement, sont à des encablures des régions mauritanienne, algérienne ou encore malienne traversées par les brigands de l’AQMI (Al Qaïda pour le Maghreb Islamique).