Après des années fastes, Israël contraint à la rigueur

[27/07/2012 09:27:06] JERUSALEM (AFP) Après des années fastes, le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu, confronté à un déficit budgétaire deux fois plus important que prévu, va annoncer lundi une série de mesures d’austérité qui vont durement toucher les classes défavorisées.

D’ores et déjà, les taxes sur le tabac et la bière ont été augmentées.

Selon les médias, le gouvernement va également rehausser d’un point le taux de TVA à 17%, augmenter de 2% l’impôt sur le revenu des ménages les plus aisés gagnant plus de 240.000 dollars (196.258 euros) par an et procéder à des coupes de 175 millions de dollars (142,88 millions d’euros) dans tous les ministères, sauf ceux de la Défense, de l’Education et des Affaires sociales.

Ce régime de rigueur vise à combler une partie du déficit budgétaire qui devrait atteindre les 4% du PIB d’ici la fin de l’année.

Au total chaque ménage israélien va voir son fardeau fiscal grimper de 435 dollars (355 euros) par an, selon le bureau du Premier ministre.

Mais il ne s’agit que d’un début. Le ministre des Finances Youval Steinitz prévoit une série d’autres augmentations d’impôts pour 2013.

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érusalem, le 24 janvier 2011 (Photo : Ahmad Gharabli)

“Chaque chose a un prix”, a expliqué M. Netanyahu pour justifier ce régime de vaches maigres.

“Ceux qui disent que l’on peut dépenser sans compter mettent en danger l’Etat d’Israël et mèneraient le pays au bord de la banqueroute comme c’est le cas de pays européens”, a-t-il ajouté.

Selon lui, le gouvernement a du augmenter ses dépenses pour financer la gratuité de la garde des enfants à partir de 3 ans, la construction d’une clôture de sécurité de 240 km le long de la frontière avec l’Egypte pour empêcher l’infiltration d’immigrés clandestins africains ainsi que l’acquisition de “nouvelles armes et de systèmes de défense pour faire face à de nouvelles menaces”.

Le Premier ministre a laissé entendre que le budget de la Défense va devoir être augmenté en raison des “changements dans la région” notamment en Syrie.

Un plan “anti-social” dénoncé

Parallèlement à ces dépenses accrues, les recettes fiscales ont chuté en raison du ralentissement de la croissance, qui atteint 3,1% cette année contre 4,7% en 2011.

Les responsables israéliens redoutent également que les principales agences de notation internationales, qui avaient jusqu’à présent accordé un satisfecit à Israël abaissent leur note. L’Etat hébreu a effectivement échappé à la crise des subprimes de 2008 ainsi qu’au début de la crise qui sévit actuellement dans la zone Euro.

“Pour assurer la stabilité, il faut prendre des mesures impopulaires”, a affirmé Harel Locker, directeur général du bureau du Premier ministre.

Mais la potion amère que s’apprête à prescrire le gouvernement a été durement critiquée en raison de son injustice aussi bien par l’opposition, que par la centrale syndicale Histadrout et les leaders du mouvement de contestation sociale sans précédent, qui a submergé Israël l’été dernier.

Au sein même de la majorité au pouvoir, plusieurs partis ultranationalistes et religieux dénoncent d’autant plus violemment le caractère “anti-social” du plan de M. Netanyahu, que 2013 sera une année électorale.

L’augmentation du taux de TVA qui touche tous les Israéliens y compris les plus pauvres est particulièrement dans le collimateur.

Oded Shahar, commentateur économique de la télévision publique parle de “vol manifeste”. Pour Sever Plocker du quotidien Yédiot Aharonot, “ce n’est pas la crise en Europe qu’il faut accuser pour expliquer l’augmentation de la TVA. Mais l’aveuglement du gouvernement dont les Israéliens payent le prix”.

Une des principales critiques porte sur la volonté de M. Netanyahu d’accorder un gigantesque “cadeau” aux multinationales israéliennes et étrangères.

Le taux d’imposition que ces entreprises doivent régler pour transférer à l’étranger leurs bénéfices accumulés depuis plusieurs années, et évalués à quelque 25 milliards de dollars (20,5 milliards d’euros), pourrait être réduit de 25 à 12%.

Le Trésor a justifié une telle faveur en expliquant qu’elle allait inciter ces multinationales à transférer à l’étranger leurs profits plutôt que de les laisser “dormir” dans des banques israéliennes, ce qui ne rapporte rien au fisc.