RNT : le dossier reste bloqué face au silence radio du gouvernement

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une radio (Photo : Kenzo Tribouillard)

[27/07/2012 10:55:52] PARIS (AFP) Annoncé pour la fin de l’année, le lancement de la radio numérique terrestre (RNT) reste bloqué, au grand dam de Radio France et des radios indépendantes, le Conseil supérieur de l’audiovisuel attendant un engagement clair du gouvernement en terme de financement, entre autres.

Initiés en 2008, les appels à candidatures pour des fréquences RNT sont au point mort à Paris, Marseille et Nice. Quant aux vingt autres zones, les appels à candidature n’ont pas encore débuté, alors qu’ils devaient commencer en juin pour Strasbourg et Mulhouse, selon un calendrier établit par le CSA.

Comme la TNT pour la télévision, la RNT permet de diffuser plusieurs programmes sur un même canal, appelé multiplex, ainsi que des informations (données) associées. La diffusion numérique permet en outre une excellente qualité sonore.

Le CSA demande notamment au gouvernement de dire s’il entend faire participer ou non Radio France au projet et s’il envisage de subventionner ou non les radios associatives pour les aider dans la transition.

“Il est important pour les radios de savoir dans quel contexte elles se lancent, et de savoir quelle est la crédibilité économique du projet”, explique à l’AFP un membre du CSA.

Début juillet, le gouvernement semblait pencher pour le retrait des fréquences préemptées pour Radio France. Aurélie Filippetti s’était engagée à trancher sur ce dossier la semaine dernière selon le CSA, mais pour l’instant c’est le silence radio.

Les grands groupes de radios privés (RTL, Europe1, RMC, BFM, NRJ…) se sont retirés de la course, jugeant le projet coûteux et dépassé face à la radio sur IP (par internet). Regroupés au sein du Bureau de la Radio, ils dénoncent surtout des coûts de double diffusion trop élevés.

Jen-Marc Ayrault, bon connaisseur du dossier

Sur ce dernier point, les avis divergent. Dans un rapport plutôt pessimiste, l’ex-président de France Télévisions Marc Tessier a calculé que les radios devraient débourser entre 126 et 188 millions d’euros supplémentaires par an pour la RNT. Mais le rapport Hamelin, en octobre 2009, chiffrait à moins du quart ce surcoût, soit 20.000 à 40.000 euros par radio.

Un retrait de Radio France serait par ailleurs un très mauvais signal pour l’avenir-même de la RNT.

“Radio France a toujours été favorable à la RNT. C’est un mode de diffusion qui correspond à nos valeurs de service public et à notre mode de fonctionnement, car elle est anonyme et gratuite, deux qualités que n’a pas la radio sous IP”, explique Bérénice Ravache, secrétaire générale de Radio France.

“A Radio France, on estime que la diffusion numérique coûtera deux fois moins cher que la diffusion analogique, soit 40 millions d’euros par an pour nous, une fois le déploiement fait sur 95% de la population. Mais la difficulté aujourd’hui, c’est le financement de la double diffusion pendant la transition”, explique-t-elle.

Le problème du financement se pose également en terme d’aides publiques. Le CSA ne sait toujours pas si le ministère de la Culture allouera une aide adéquate aux radios associatives pour s’équiper en diffusion numérique.

Face au silence du gouvernement et à l’attentisme du CSA, seul le SIRTI, le Syndicat des radios indépendantes, remue ciel et terre pour que le dossier ne soit pas enterré.

Mathieu Quétel, vice-président du SIRTI en appelle à Matignon: “Puisque le CSA s’en remet au gouvernement, nous devons expliquer aux ministres pourquoi il faut lancer la RNT. Nous avons demandé à être reçus par Jean-Marc Ayrault qui connaît bien le dossier, puisqu’il a supervisé personnellement l’expérimentation à Nantes”.