Espagne : le FMI abaisse ses prévisions de croissance et s’inquiète des tensions du marché

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ège du Fonds monétaire international à Washington (Photo : Mandel Ngan)

[27/07/2012 15:57:52] MADRID (AFP) Le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé vendredi ses prévisions pour l’Espagne, tablant désormais sur un recul du PIB de 1,7% en 2012 et de 1,2% en 2013, en raison des nouvelles mesures de rigueur, et s’inquiétant du risque que l’accès au marché se ferme pour le pays.

“Les tensions du marché pourraient encore s’accentuer et menacer l’accès au marché” du pays, écrit le FMI dans son rapport annuel sur l’Espagne, appelant, pour apaiser ce climat, à “une application dans les temps des décisions du sommet (européen de fin juin, ndlr) et des progrès continuels vers une union budgétaire et bancaire au niveau européen”.

Ce rapport, qui tient compte des dernières mesures d’austérité annoncées le 11 juillet, prévoit que la récession s’aggrave en conséquence (le FMI attendait jusque-là un recul du PIB de 1,5% en 2012 et 0,6% en 2013), mais que le déficit public soit conforme à l’objectif en 2012 (6,3% du PIB) et proche de l’objectif en 2013 (4,7% au lieu de 4,5% visés).

En revanche, le déficit serait bien supérieur en 2014 aux 2,8% promis, avec 3,6% attendu, et ne passerait sous la barre des 3%, comme le recommande Bruxelles, qu’en 2016.

Le nouveau plan de rigueur, qui inclut une hausse de la TVA de trois points et porte le taux plein à 21%, “est globalement conforme aux recommandations” du FMI, salue le Fonds, même si “des mesures supplémentaires (par exemple, sur la TVA) seraient nécessaires à partir de 2014”.

Le chômage, qui est déjà à un niveau record dans le monde industrialisé (24,63% au deuxième trimestre), devrait atteindre 24,7% fin 2012 avant de baisser légèrement en 2013 (24,3%).

L’Espagne, plongée dans la crise depuis l’éclatement de sa bulle immobilière en 2008, concentre actuellement toutes les inquiétudes du marché et doit payer de plus en plus cher pour emprunter, ce qui compromet sa capacité à se financer.

En dépit de ces difficultés, le gouvernement a répété vendredi qu'”il n’y aura pas de sauvetage” global du pays et que cette option, évoquée par de nombreux analystes, “n’est pas envisagée”.

Le quotidien économique El Economista parlait mercredi d’un plan d’aide de 300 milliards d’euros, qui permettrait à l’Espagne de financer ses déficits au moins pendant un an et demi.

Ce plan s’ajouterait à l’aide financière déjà promise par l’Eurogroupe pour les banques espagnoles, et dont le montant pourrait atteindre 100 milliards d’euros.

“Tandis que le soutien financier aux banques récemment annoncé par la zone euro et le communiqué du sommet (européen de juin, ndlr) aident à tempérer les risques à court terme, les tensions du marché pourraient encore s’accentuer et menacer l’accès au marché, surtout si les politiques menées échouent à enrayer les fuites de capitaux et si la tension s’accentue ailleurs en zone euro”, estime le FMI.

“Les perspectives de l’Espagne d’abaisser ses coûts d’emprunt seraient grandement aidées par une application dans les temps des décisions du sommet et des progrès continuels vers une union budgétaire et bancaire au niveau européen”, poursuit le Fonds.