érence de presse à Bruxelles le 6 juin 2012 (Photo : John Thys) |
[28/07/2012 10:21:07] PARIS (AFP) La passe d’armes à laquelle se sont livrées cette semaine Fiat et Volkswagen illustre le conflit qui couve depuis plusieurs mois entre les constructeurs automobiles en Europe.
Le géant allemand Volkswagen a appelé le patron du groupe italien Fiat, Sergio Marchionne, à quitter la présidence de l’association des constructeurs automobiles européens (ACEA) à laquelle ils appartiennent tous les deux.
Le chef de la communication de VW, Stephan Grühsem, a jugé “que la présence de M. Marchionne à la présidence de l’ACEA était insupportable (…) et a exigé son départ”, a indiqué à l’AFP un porte-parole. Selon lui, Volkswagen envisage de quitter l’ACEA.
La raison de cette colère: une interview donnée par M. Marchionne, connu pour ses positions tranchées. Selon l’International Herald Tribune, M. Marchionne et d’autres responsables de groupes automobiles accusent le numéro un européen d’exploiter la crise actuelle pour gagner des parts de marché moyennant une politique très agressive de rabais.
“C’est un bain de sang sur les prix et un bain de sang sur les marges”, accuse le patron de Fiat, devenu président de l’ACEA en début d’année pour douze mois. L’organisation, qui défend les intérêts de ses 18 constructeurs automobiles membres, réélit chaque année son numéro un.
Le constructeur italien s’est refusé à tout commentaire, tout comme l’ACEA.
M. Marchionne a de nouveau appelé la Commission européenne à venir en aide à l’industrie automobile européenne dans l’entretien accordé au journal américain. “Ce qu’ils devraient faire, c’est coordonner une rationalisation de l’industrie impliquant les constructeurs.”
“Ceux qui n’ont vraiment pris aucune mesure sur le sujet sont les Français et les Allemands, qui n’ont pas du tout réduit leurs capacités”, a-t-il accusé.
Recul des ventes
La situation pourrait changer: PSA vient d’annoncer la fermeture d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et le sort des sites d’Opel reste incertain à moyen terme.
Fiat a fermé en 2011 une usine en Sicile et M. Marchionne a averti qu’une deuxième fermeture n’était pas exclue si le marché européen restait déprimé sur les deux à trois prochaines années.
és inspectent une Volkswagen Tiguan à la sortie de la chaîne de production, le 7 mars 2012 (Photo : Odd Andersen) |
Plusieurs constructeurs pâtissent du recul des ventes, particulièrement sévère dans le sud du continent, et une ligne de démarcation entre les gagnants et les perdants est en train de se dessiner.
Fiat, l’allemand Opel ou les français PSA Peugeot Citroën et Renault sont particulièrement concernés tandis que Volkswagen reste relativement épargné. Le groupe aux dix marques (dont Volkswagen, Audi ou Seat) a dégagé au premier semestre un bénéfice record de 8,8 milliards d’euros quand PSA a plongé dans le rouge et Renault vu ses bénéfices baisser.
“C’est une petite guerre entre les Latins et les Allemands”, commente Philippe Houchois, analyste chez UBS, interrogé par l’AFP. Grâce à sa taille importante et aux économies d’échelle, Volkswagen a pu adapter depuis cinq ans ses prix à ceux du marché, alors qu’auparavant ils étaient supérieurs à ceux de ses concurrents, estime l’analyste, qui souligne que “naturellement, ça met une pression sur les prix à la baisse”.
“Leur arme principale est le prix”, qui s’ajoute à des produits plus attractifs, des marques mieux gérées et une plus grande qualité perçue par les clients, confirment les analystes de Bernstein Research.
Ferdinand Dudenhöffer, directeur du centre de recherche CAR, tempère cette vision. Selon son étude de marché réalisée en Allemagne, VW n’est pas celui qui casse le plus les prix.
Une autre pomme de discorde existe entre les Allemands, spécialistes des grosses cylindrées, et PSA, Renault et Fiat, plus tournés vers les petites voitures: les propositions de l’UE pour réduire encore les émissions de gaz à effet de serre des véhicules d’ici 2020, que les défenseurs de l’environnement considèrent favorables aux groupes comme Daimler ou BMW.